L’esprit, c’est Jésus avec nous
Dans ce texte de Jean, Jésus nous parle de l’esprit qu’il enverra sur nous après son départ vers Dieu le Père. La tradition chrétienne a défini un temps pour la présence de Jésus ressuscité parmi les membres de sa communauté. Il rencontre les deux disciples en route pour Emmaüs, les onze enfermés au cénacle, les femmes qui vont au tombeau, les pécheurs rentrant d’une longue nuit de travail sur les berges de la mer de Galilée. Je prends les exemples bien connus.
Une conversation intime
Dans le texte choisi cette semaine de l’évangile de Jean, Jésus nous parle de ce départ. Le texte nous dit que Jésus va envoyer son esprit, pour être présent avec ceux et celles qu’il laisse derrière lui. Pour moi, cet esprit c’est son esprit. Avec ses disciples il s’est développé un amour comme celui qui s’installe au travers des liens dans une conversation intime, comme après avoir parcouru un long chemin ensemble. Georges Convert écrit dans ses commentaires que dans un milieu de tradition orale, comme la Palestine du temps de Jésus, on n’envoie pas une lettre, un écrit ; on dépêche un envoyé, une personne. Jean la nomme le Paraclet, qui « sera la mémoire vivante de Jésus, celui qui va interpréter son message ». Comme nous l’avons entrevu plus haut, un certain nombre de disciples ont pu côtoyer le Jésus ressuscité.
Et après son départ, la marche est grande pour saisir cette révolution que représente ce visage de Dieu que nous révèle la vie de Jésus. Le symbole du souffle est souvent associé à cet esprit que Jésus nous envoie. L’évangéliste Jean lui donne souvent le nom de souffle de vérité, d’esprit de vérité. Il parcourt nos relations avec quelqu’un après avoir partagé une profonde intimité. Jean emploie souvent les verbes demeurer, habiter. Les disciples qui ont partagé la vie de Jésus et ceux qui plus tard sont demeurés dans sa parole, qui ont parcouru ses sentiers, ont partagé son élan de vie. Dans le livre de la Genèse, le tout premier livre de la Bible, Dieu souffle dans les narines d’Adam pour lui donner la vie.
La vérité: un souffle, un mouvement
L’évangile de Jean, j’écrivais plus haut, nous parle du souffle de vérité. J’ai lu une phrase sur un site web qui s’appelle jardinier de Dieu. Elle m’a beaucoup éclairée sur cette idée de la vérité. « La vérité n’est pas que la conformité avec la chose, mais aussi la relation, le chemin, le mouvement, la transformation qui s’opère en celui qui approche d’elle ou plutôt en celui dont elle s’approche ». Elle me dit que la vérité n’est pas quelque chose de statique. Elle exprime aussi, même d’avantage, un mouvement, un souffle.
J’écoutais une émission où un auteur martiniquais expliquait la dynamique de son roman. Il expliquait que dans nos sociétés où tout est contrôlé, souvent ce que l’on cherche c’est ce qui échappe, ce que l’on ne voit pas ; cette sensation d’être parfois frôlé par un invisible qui tout à coup met de la lumière sur nos pas. J’y ai vu une très belle image pour exprimer le travail de l’esprit dans ma vie. Ce souffle me dessaisit d’une aliénation qui m’empêchait de voir plus haut, de voir plus loin. Il me permet de contempler des liens, des relations qui viennent renouveler ma fertilité, qui me ramènent à emprunter un chemin que j’avais négligé, qui me ramènent à un choix, une liberté. Il nous faut rester attentifs à ce souffle, apprendre à le reconnaître, à le sentir quand il monte en nous et ne pas le renvoyer dans nos profondeurs. Il faut parfois arrêter de regarder ce qui nous mine de l’intérieur pour y laisser entrer ce souffle du monde des vivants, du vivant, ce souffle qui nous gonfle comme une montgolfière.
Étienne Godard
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