Percevoir l’invisible
Ce dimanche, nous changeons d’année liturgique (pour passer à l’année B). Cela signifie que nous accorderons plus d’importance aux textes en provenance de l’Évangile de Marc pour les récits des Évangiles. Alors que l’année précédente (année A, qui s’est terminée la semaine dernière), nous avions privilégié le récit de Matthieu et l’année prochaine (année C) mettra l’emphase sur l’écrit de Luc.
Dans ce passage d’une année liturgique à l’autre, il faut souligner l’entrée que nous faisons dans le temps de l’Avent. Il s’agit dans notre tradition chrétienne, tu temps qui nous parle de l’avènement de Jésus. Avec Jésus, Dieu se fait proche des humains comme jamais auparavant il ne s’est fait proche. Jésus se fait proche, donc le Royaume se fait proche. Les derniers textes de Matthieu nous ont beaucoup parlé du Royaume et ici également, Marc en fait le sujet de son Évangile.
Dans un mois, c’est la naissance de Jésus. Or les évangélistes nous disent qu’avec cette naissance, le Règne s’est approché. C’est la raison pour laquelle les textes évangéliques de cette période de l’année nous parlent encore de la venue du Royaume, ainsi que du contexte dans lequel nous devons nous y préparer.
Ce texte de Marc nous revient avec une invitation à veiller. Il nous revient à l’esprit le texte de Matthieu (il y a 3 semaines) qui, à travers le texte des jeunes femmes avec leurs lampes en attente de l’époux, nous appelait déjà à veiller. Dans la bouche de Jésus, c’est souvent la nuit que le Maître, le Seigneur, vient nous visiter. La nuit est le symbole des ténèbres qui trop souvent surgissent dans nos vies — sans doute pour marquer la venue de la lumière avec laquelle on identifie sa venue. Georges Convert mentionne dans son commentaire du texte de Marc que « Jésus continue à venir sans cesse au milieu des siens ». Son Esprit est constamment parmi nous, il nous l’a laissé en héritage.
Veiller, pour affiner notre regard, pour le transformer même (comme le dit l’abbé Jean Compazieu). Ces venues sont porteuses d’un langage qui, comme dans toutes œuvres, lève le voile et révèle un sens. C’est une écoute attentive, comme l’ont fait les disciples d’Emmaüs avec cet homme qui les accompagnait sur la route — nous explique Georges dans son commentaire. Veiller, c’est se mettre à l’écoute, à l’écoute de la Parole, à l’écoute de l’esprit dans nos vies, à l’écoute des ombres, pour bien entendre son surgissement. Surtout ne pas éviter les petits sentiers et les ruelles qui nous font visiter la périphérie du notre monde, car c’est souvent-là que se cache l’invisible.
Il faut toujours être en état de veille pour discerner l’Esprit oeuvrant dans tous les coeurs de bonne volonté. Le poète indien Tagore traduisait ainsi ce passage discret de Dieu dans le monde: «N’avez-vous pas entendu son pas silencieux? Il approche, Il approche, Il approche. »
Georges Convert
Étienne Godard
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