Regards croisés du mercredi 30 août 2023
Matthieu 16,21-28
Pensées glanées dans le commentaire de Georges Convert
Ce que Jésus évoque ici n’est pas une condamnation à souffrir, mais une décision de ne pas renoncer à ses solidarités. C’est de choisir de garder vivantes sa générosité et sa liberté intérieure. L’image de la grandeur et de la force de la divinité, qui est propagée dans toute notre histoire, n’est pas celle que propose Jésus.
Un temps de grâce plutôt qu’un temps de justice
Dieu ne propose pas un temps de justice et de désolation par le feu (comme le prophète Jean Baptiste). Avec Jésus, le discours est radicalement différent. Ce qu’il propose c’est un temps de grâce qui nous délivre de nos dettes et nous libère de tout ce qui nous déshumanise. Pierre, comme l’ensemble des apôtres, ne comprend pas encore cela! Jésus nous invite à découvrir sa vie comme on trouve un trésor. Il veut rester fidèle à ce qui caractérise sa vie, au chemin qu’il a tracé. Il accepte ses choix. Il veut rester fidèle à sa vérité, sans compromission.
Il a voulu, par son souffle, inviter à une autre manière de faire. Il nous invite à faire de même, à respecter cette liberté intérieure chez nous et dans l’autre. Il nous invite à renoncer à emprunter des voix qui nous amènent ailleurs.
« Le récit évangélique de cette semaine traduit en image cette tentation au début de la mission de Jésus. Le diable emmène Jésus sur une très haute montagne. Il lui montre tous les royaumes de ce monde avec leur gloire et lui dit: «Tout cela, je te le donnerai si tu te prosternes et m’adores» (Mt 4,8-10). C’est la tentation de choisir les valeurs du monde, celles de la force, du pouvoir, même s’il faut pour cela brimer les libertés. À cette heure, le tentateur prend la voix de Simon, celui que Jésus, peu auparavant, dans le texte de l’évangile de la semaine dernière, a loué pour s’être laissé inspirer par le Père
Notre sensibilité humaine n’est pas spontanément portée vers la longueur d’onde du renoncement, du don de notre vie à ceux qui nous rejettent. Nous sommes plus prompts à envisager un messie glorieux qu’un serviteur souffrant. Nous préférons souvent un Dieu puissant à un Dieu humble, qui pardonne toujours. »
« L’humanité n’a jamais pu comprendre la grandeur autrement que sous la forme de la domination. Le plus grand, c’est celui qui écrase, qui commande et exige d’être obéi. Cette image de la grandeur divine va traverser l’histoire. Dieu apparaîtra comme le maître absolu devant lequel nous ne sommes que néant, celui qui peut nous imposer son joug et nous châtier des derniers châtiments si nous nous soustrayons à sa volonté.
À cette échelle de valeurs fondée sur la domination, l’Évangile oppose une nouvelle échelle de valeurs, incroyable, merveilleuse et dont nous n’avons pas encore commencé de comprendre la portée. Le plus grand c’est celui qui n’est qu’AMOUR et qui ne peut qu’aimer. C’est cela le vrai visage de Dieu… l’Amour agenouillé qui attend éternellement le consentement de notre amour[1]. »
Georges Convert
Étienne Godard
[1] Maurice Zundel, poète et mystique, revue Nouveau Dialogue #120, p.18
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