Regards croisés du mercredi 6 septembre 2023
Matthieu 18,15-20
Un impératif du vivre ensemble
La place du pardon et de la réconciliation est importante dans l’évangile de Matthieu. L’évangile de cette semaine est éloquent à ce sujet. Il s’agit ici du récit d’un ou d’une membre de la communauté qui aurait posé un geste qui s’inscrit mal dans le chemin que Jésus a tracé. On peut supposer un scandale qui éclabousse l’ensemble de la communauté. Un scandale, dans la bible, c’est de s’intercaler entre Dieu et les humains. C’est de faire en sorte qu’un membre de la famille s’éloigne de son chemin.
On ne se sauve pas seul
L’ecclésia, ce n’est jamais une seule personne, sinon ce ne serait pas une assemblée. On ne se sauve jamais seule, il nous faut sauver ceux qui sont autour de nous, même les plus éloignés.
J’ai pris en affection une phrase que j’ai trouvée dans un livre de Claude Tassin, Un commentaire de l’évangile de Matthieu, Centurion, 1991, p. 189. « Le royaume semé par Jésus (est une) nouvelle manière de vivre ensemble et de se situer par rapport à Dieu. » Pour lui, l’ecclésia, l’Église est un vaste chantier où s’expérimente ce qu’il nomme « la semence du Royaume ».
Lier et délier
Une action continue
À la fin du texte, Jésus nous parle de lier et délier. Georges nous apprenait, dans son commentaire de l’évangile précédent, qu’il faut lire dans ce couple formé par la juxtaposition des deux verbes lier et délier l’expression d’une action continue. C’est un geste que Jésus a fait tout au long de son parcours entre la Galilée, la Samarie et la Judée. En déliant ceux et celles emprisonnés par le regard des autres et le rejet. En donnant de l’amour aux personnes qui n’avaient jamais eu la chance d’en recevoir, en leur donnant la parole et de l’écoute, Jésus s’est avéré être un grand libérateur.
L’invitation à s’aimer les uns les autres est indissociable de celle qui est faite ici aux membres de la communauté de lier\délier. Ce lien à partager se fait par la prière commune. Cette intimité partagée avec Jésus dans la prière est le ciment de la communauté.
« Jésus sait qu’aucune communauté de ses disciples ne sera jamais parfaite. Il sait que l’ivraie sera toujours mêlée au blé: dans le monde comme dans le cœur de tout être humain. Mais, pour lui, le péché ne peut se combattre que par l’amour. Car tout péché naît d’une carence d’amour. Si nous avions cette totale assurance d’être aimés, serions-nous aussi méchants?
Jésus croit à la puissance de la miséricorde. Il l’a prêchée tout au long de sa mission: à travers la parabole du fils perdu et du Père prodigue d’amour, à travers son attitude envers la femme adultère: « Je ne te condamne pas. Va et désormais ne pèche plus! » (Jn 8,11), ou encore son désir d’aller habiter chez Zachée, le percepteur d’impôts. « Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu » (Lc 19,10). Pensons aussi au pardon fait à Pierre qui l’a renié, à Judas qui l’a trahi, et à tous ceux qui l’ont condamnée: « Père, pardonne-leur! » (Lc 23,34).
Georges Convert
Étienne Godard
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