Le texte de l’évangéliste Luc que nous lisons cette semaine (13,1-9), exprime une mentalité courante à l’époque du temps de Jésus: les grandes souffrance, les maladies, les handicaps de naissance, les accidents mortel, sont des punitions divines des péchés commis par la personne ou sa famille. Dans son commentaires sur le texte de Luc, Georges Convert nous dit que Jésus s’est déjà prononcé contre cette association dans un épisode de l’Évangile de Jean (9,1-3). Les apôtres interrogent Jésus à propos d’un aveugle de naissance: «Rabbi, qui a péché pour qu’il soit né aveugle, lui ou ses parents?» Jésus répond: «Ni lui ni ses parents… » La réponse de Jésus sur la souffrance est concise. C’est d’affirmer qu’il partage cette souffrance avec celle ou celui qui souffre en nous invitant nous aussi à nous faire proche des personne qui sont dans la souffrance afin d’aider à les relever.
C’est la seconde partie de la réponse de Jésus qui peut nous laisser perplexe: « mais si vous ne vous convertissez pas tous, vous périrez tous de même! » La vie nous est donné, elle est en fait un éternel sursis. Elle n’est jamais gagnée, elle est toujours à construire, à partager en donnant des fruits. Si ces fruits sont donnés, et surtout cueillis, ma vie s’est inscrite dans un espace de sens, je me suis fait offrir la vie et j’ai pu donner à mon tour. Nous ne sommes pas toujours conscient d’avoir donné. Il est important de savoir dire merci, de savoir dire je t’aime pour les fruits que nous avons cueillis chez les personnes que nous côtoyons. C’est dans cet échange que le vie se goûte. Accepter d’être transformé par la vie. Qu’attendez-vous pour vous laisser toucher par elle, qu’attendez-vous pour y plonger, pour entrer dans la danse? C’est en quelque sorte la question que pose Jésus dans sa deuxième partie de réponse (au verset trois et cinq). Nous savons que notre vie est un éternel sursis. Pourquoi toujours attendre au lendemain pour y donner du sens, pour donner du fruit?
J’ai lu un passage qui m’a beaucoup éclairé dans un livre de Marion Muller-Colard intitulé Éclats d’Évangile: « Mourir n’a rien d’extraordinaire, c’est chose courante à laquelle personne n’échappe. Mais, ce qui est regrettable, ce que l’évangile appelle à éviter, c’est de mourir sans avoir été fécondé par la vie » (page 99, Bayard poche, 2020).
Le figuier qui ne donne pas de fruit
La relation du propriétaire terrien avec la vigne tient du donnant-donnant: le figuier ne donne pas de fruit, qu’on le coupe! Je situerais la réaction de Dieu dans la personne du vigneron: «Seigneur! Laisse-le encore cette année, le temps que je bêche tout autour et que je mette du fumier. Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir? (versets 8 et 9). On y retrouve bien le regard d’espérance de Jésus qui nous laisse le temps, en l’accompagnant sur sa route, de trouver notre chemin d’éveil à la vie véritable. Cet appel à donner du fruit, cette attente amoureuse de Jésus, c’est pour moi la montée que nous invite à accomplir le Carême.
Jésus, ton amour est complète gratuité. Mais mon cœur souvent est fermé à se laisser aimer. Apprends-moi l’impuissance de ton cœur ouvert et donné sur la croix. Dieu, Père de patience et indéfectible espérance, apprends-moi à reconnaître tous les signes de Jonas qui existent sur la terre des vivants. Fais-moi porteur de la violence de ta tendresse, toujours pleine et grande miséricorde qui guérit sans cesse et toujours pour les siècles des siècles. Amen!
Georges Convert
Étienne Godard
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