Un récit d’anticipation
Dans ce chapitre de l’écrit de Jean, on est au cœur de testament que livre Jésus à ses disciples pendant l’épisode du dernier repas. Jésus sait que sa fin approche et résume son enseignement à ceux qui l’on accompagner tout au long de sa vie publique.Jésus annonce son départ et l’arrivée du Paraklet, nom parfois attribué à l’Esprit saint. À la synagogue au temps de Jésus, le paraklet est la personne qui va traduire pour l’assemblée. Dans une cour de justice, le paraclet se met à côté de celui qui est accusé pour mettre son (poids de gloire) à ses côtés. Jésus nous demande de se mettre, à notre tour, à côté de Zachée, de la femme adultère, de l’aveugle, de celui qui a de la peine, de la femme pécheresse, qui vient lui laver les pieds alors qu’il est reçu chez les pharisiens, comme il l’a fait tout au long de sa vie publique. Il ne faut pas se buter, comme je l’ai fait longtemps, sur le terme gloire. Elle exprime une qualité d’être, je pense.
La parole, une lumière qui ne s’éteint jamais
Pourquoi Jésus nous parle ici avec insistance d’une continuité dans l’ouverture de la parole? C’est pour nous assurer que la présence du verbe avec l’humanité ne s’arrête pas avec son départ. Sa venue est l’annonce d’une alliance renouvelée de l’amour du père pour nous. L’annonce de la bienveillance de l’esprit créateur pour l’humanité. Sa promesse est de ne plus jamais s’absenter. Sa présence en est une d’espérance, de solidarité et de sens dans nos vies. La présence d’une lumière qui ne s’éteint jamais comme le dit le chant de Taizé, « Dans nos obscurités, allume le feu qui ne s’éteint jamais, qui ne s’éteint jamais… »
Pour traduire cette expérience de Jésus afin qu’elle donne un sens à ma vie aujourd’hui, je dois la retranscrire afin qu’elle s’inscrive sur ma route. J’ai écouté un Webinar en avril dernier qui était une présentation sur la Bande FM (foi et mission) par Domique Tétrault et Alain Mongeau. Ils ont utilisé des expressions, des verbes que j’ai trouvés très adapter à mon expérience de vie chrétienne urbaine du 21e siècle. Ils ont utilisé des verbes intimes que m’ont touchés comme frôlement, fragilité, délicatesse, etc. Je pense qu’il faut savoir s’accorder du temps, de l’espace, pour découvrir et traduire la présence de l’esprit dans nos vies.
Une révélation qui nous accompagne dans notre quotidien
Georges Convert écrit, dans ses commentaires sur les écrits de Jean, d’une manière très pertinente je trouve, que « quand l’évangéliste parle de communion entre le Père, Jésus et l’Esprit, j’ai la nette impression qu’il parle à partir de son expérience humaine de la communion ». Marion-Muller Colard écrit dans Éclats d’évangile que le temps de l’incarnation se termine avec la mort de Jésus. Maintemant, c’est l’esprit qui est le révélateur de Dieu pour les humains. La figure de Dieu n’est pas encore fixée dans la révélation de Jésus ». Cette idée avancée par madame Collars que le temps de révélation ne s’éteint pas avec Jésus m’apparaît importante. Pour de nombreux croyants musulmans, les révélations de Mohamed a fixé l’image de Dieu dans sa révélation. La révélation de l’Esprit casse cette cloche de verre. Dieu, nous ne pouvons pas l’attacher et mettre un point final à sa définition, à sa révélation. Jésus a déjà fait changer le visage du père. Cette image changeante ne s’arrête pas avec son départ.
L’esprit, le paraklet, poursuit cette peinture impressionniste du divin. Cette image n’est pas figée dans le temps, elle est vivante, ce n’est pas une nature morte puisque c’est à l’humain de la rendre vivante pour ses contemporains, avec l’aide de l’esprit, encadré par les balises que lui donnent les traditions évangélique et biblique. Différents Conciles dans l’histoire de l’Église ont cherché, avec l’esprit de leur temps, à circonscrire les contours de cet héritage avec raison, pour l’inscrire dans a trame de l’histoire humaine, mais nous ne pouvons pas fixer cet héritage dans un lieu, dans un temps, dans une formulation linguistique. Il faut accepter cette fragilité dans notre désir d’appréhender l’invisible. Cette liberté que nous a donnée la tradition chrétienne avec son annonce de l’avènement de l’esprit nous empêche de donner une définition de la royauté messianique, de son royaume et de son règne pour en faire un outil de contrainte et de pouvoir. J’emprunte pour terminer une dernière phrase à Georges qui nous disait, à la lumière de cet esprit commun, quand j’aime, je sais que je participe à l’amour même de la Trinité.
Esprit Paraclet du Père et du Fils bien-aimé, sois l’interprète rempli d’amour de leur parole. Souffle en moi la Parole et l’action divines. Inspirateur, sois mon guide sur les chemins quotidiens de la vie. Affranchis-moi des désirs égoïstes et conduis-moi au chemin de la joie. Donne-moi la force de trouver dans ton souffle l’énergie nécessaire pour devenir porteur de la croix qui me mènera, comme Jésus, à la résurrection. Amen!
Georges Convert
Étienne Godard
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