L’image du Baptiste, hier et aujourd’hui
La première image que j’ai de Jean-Baptiste me vient certainement de mon enfance. C’est celle du petit Jean-Baptiste qui faisait partie de la parade de la St-Jean-Baptiste dans le char allégorique les 24 juin. C’était un petit garçon, les cheveux blonds frisés, accompagné d’une brebis, avec un air angélique. Il était loin de la description que nous en font les évangélistes.
Quand a débuté l’histoire du Relais Mont-Royal, comme membre actif, j’ai été amené à m’intéresser davantage aux textes, sur les traces de Georges Convert. En Matthieu 11, 19, Jésus est décrit comme « un glouton et un ivrogne, un ami des collecteurs d’impôts et des pécheurs. » Jamais les évangiles ne nous présentent Jean-le-Baptiste dans une scène quotidienne. Son milieu de vie est le désert, son habillement, des peaux de bêtes, ses repas, du miel sauvage et des sauterelles — avec Jésus, tout les distingue. A. Nolan écrit dans « Jésus avant le christianisme », que « Jean évolue dans une ambiance de désolation, de deuil. Jésus lui, dans celle de la joie, de la danse, des noces. » C’est pourtant Jean que les évangélistes ont choisi pour nous présenter Jésus.
D’une rive à l’autre
Pour moi, Jean-le-Baptiste exerce un rôle de passeur. Celui qui accompagne les pèlerins pour faire le passage d’une rivière profonde et tumultueuse.
Avec sa barque qui est reliée par un câble solide aux deux rives de la rivière. D’une rive à l’autre se révèlent deux visages de Dieu. De la loi et la justice, nous passons à la bienveillance et la miséricorde. Je dirais qu’avec Jésus, ce n’est plus l’homme qui va vers Dieu (ce que suggère le rôle central du Temple à Jérusalem), mais c’est Dieu qui va vers l’humain.
Dans ses commentaires, Georges Convert nous explique que, pour lui,
ce texte du baptême de Jésus est fondamental; il nous explique la mission de Jésus. Alors que l’on présente ce Jésus comme un être sans tâche, sans péché, pourquoi commence-t-il sa mission en recevant le baptême? Le baptême de Jean était à l’intention de tout le peuple. Peut-être Jésus voulait-il se montrer solidaire de ses compatriotes? — écrit Georges.
Il nous parle de la signification du baptême. Il écrit « qu’il faut avoir en soi une force d’amour pour aimer. Et l’on reçoit cette force en accueillant l’amour divin. » Il souligne que le prophète Isaïe mentionnait que le sauveur que l’on attend serait tout spécialement porteur de cet Esprit qui participe à l’amour divin.
Le texte de Marc nous dit que Jésus, après son baptême par Jean, voit au sortir de l’eau l’esprit de Dieu descendre sur lui. Georges, dans son commentaire, fait de nombreux liens avec des récits de ce que nous appelons l’Ancien Testament — entre autres quand les Hébreux, en fuite, se sauvent des Égyptiens en traversant la mer Rouge. Il associe cette sortie de l’eau comme une symbolique d’être transpercé par l’Esprit de Dieu; par l’entrée dans cette dynamique qui fait des humains, des enfants de Dieu; et d’une manière plus spécifique, de Jésus le Fils du Père, comme d’un être choisi qui participe pleinement à cet Esprit créateur. Et la colombe de Marc, nous pouvons y voir un parallèle avec l’Esprit de Dieu qui planait à la surface des eaux dans le premier livre de la Genèse, lors de la création du Monde.
Si je suis bien le fil de la pensée que Georges Convert nous propose, l’expérience que fait Jésus lors de son baptême, c’est de recevoir sa Mission du Père. Il sera son interprète privilégié, chargé de renouveler son Alliance avec les humains.
« Ce que Jésus a vécu est typique, au sens de modèle pour toute vie chrétienne (…). Ce baptême doit inaugurer un style de vie qui va développer en nous l’être divin. Toute notre vie sera l’accomplissement de ce qui est ensemencé au baptême. Pour réaliser cela, il faut prendre du temps pour être à l’écoute de la Parole divine. »
Georges Convert
Étienne Godard
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