La grande chaîne entamée par le témoignage du Baptiste
Jean Le Baptiste harangue les foules, leur demande de faire tèchouva, de venir pour un baptême qui sera unique pour leur permettre d’accueillir la venue du fils Messie, qui vient relever les pécheurs une fois pour toutes. Un baptême qui est un signe de retour vers Dieu, un signe qui signifie un désir de changer de vie, de marcher vers et avec le Seigneur.
L’évangéliste Jean nous présente, au tout début de son Évangile, après son prologue, Jean Le Baptiste, celui qui avait déjà été présenté dans le prologue de Jean, comme celui qui viendrait le premier « pour rendre témoignage de la lumière ». Sur les bords de la rivière Jourdain, qui relie la mer de Galilée à la mer Morte, Jean Le Baptise est installé avec quelques disciples et propose le baptême aux foules qui, selon le texte, semblent venir en grand nombre dans ce milieu, plutôt désert sinon. Des représentants des hautes autorités religieuses à Jérusalem sont sur place pour le questionner sur qui il est et la raison de sa démarche. Jean affirme que l’avènement important n’est pas lui, mais bien la personne pour laquelle il est là pour préparer la venue et cette personne sur laquelle descendra l’esprit lors de son baptême est le Messie, le fils de Dieu.
Le texte qui nous intéresse cette semaine nous raconte comment les premiers disciples seront appelés à se mettre à la suite de Jésus. Le texte de l’évangéliste commence en nous disant que l’action se passe le lendemain au Jean Le Baptiste a découvert que l’Esprit de Dieu était descendu sur Jésus, « comme une colombe ».
Jean Le Baptiste a des hommes qui sont fascinés par sa démarche et se sont faits ses disciples. L’évangéliste Jean nous présente Le Baptise en discussion avec deux de ses disciples. Tout à coup il coupe court à sa discussion en voyant Jésus qui marche devant lui — ce Jésus qu’il a baptisé la veille et dont il a l’intime conviction qu’il est porteur de l’esprit de Dieu. Dans un geste d’une grande humilité, Jean Le Baptiste renvoie ses disciples vers lui. On a l’impression que Jean Le Baptiste, par ce geste, se délivre de lui-même. Littéralement, il s’efface devant l’autre. Cet autre, ce Jésus dont il a le sentiment profond d’être habité par Dieu, est la lumière dont il se nourrit et cette Lumière que nous présentait l’évangéliste Jean dans son prologue.
André et son compagnon se tournent vers Jésus. Ces derniers devaient avoir une grande confiance en Jean Le Baptiste. Son témoignage devait avoir beaucoup de poids pour eux. Qu’en est-il pour nous? Cette chaîne que l’on voit se former, entre Jean Le Baptiste, André et son compagnon, puis Jésus, puis les autres disciples que l’évangéliste Jean va nous faire découvrir au chapitre suivant; elle s’est reproduite chez chacun-chacune de nous. Peut-on remonter à se point de bascule dans notre histoire personnelle? Maurice Zundel a écrit que c’est une Présence et une Lumière qui l’a mise sur le chemin. Dans ce témoigne que l’on accepte d’écouter, tout repose sur la qualité de relation et sur la générosité qui en a fait naître.
Que cherchez-vous dit Jésus à André et son compagnon qui le suivent. « Où demeures-tu? répondent-ils. Pour moi, le témoignage de Jean Le Baptiste les a fait entrevoir une présence, une lumière. Ils veulent faire la connaissance de cette Présence qui les a mis en route. Accepter d’être disciple, c’est accepter que nous ne nous faisons pas nous-même. C’est accepter ce besoin essentiel que nous avons de recevoir, de nous reconnaître incomplet.
Georges Convert qui nous a longtemps accompagné au Relais Mont-Royal, écrivait ceci sur cette quête de la demeure de Jésus qu’ont André et son compagnon: « Dans l’intention du récit, lorsque les deux disciples demandent Où demeures-tu?, cela ne veut pas dire seulement « Où fais-tu école? (Comme enseigneur) » mais: « Toi qui est l’Agneau de Dieu, fais-nous voir quelle est ta relation avec Dieu. Et donne-nous de demeurer comme toi dans l’intimité de Dieu ». « Je suis le bon berger, je connais mes brebis et mes brebis me connaissent, comme mon Père me connaît et je connais mon Père » (Jn 10,14-15). « Si vous demeurez dans ma Parole, vous êtes vraiment mes disciples (Jn 8,31). Demeurez en moi comme je demeure en vous. »
Ainsi la question posée par André et son compagnon est semblable à la question que nous avons posée, que j’ai posée, suite à l’écoute du témoignage de cette Présence. Comment te connaître davantage? Cette question permet d’entrer en dialogue et ultimement de créer une relation. Cette question ouvre sur un futur, un devenir porteur de sens.
Étienne Godard
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