Mon grain de sel

Grain de SelMon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 16 août 2015

par Mario Bard.

Chairs et sang consacrés : marcher dans les sentiers de l’humanité

Lors des partages autour de l’Évangile, de petits trésors de réflexions émergent. Parmi celles qui ont retenu mon attention dernièrement, celle qui veut que nous soyons des êtres de chair. Et, que de ce fait, notre humanité – en soi – est un don de Dieu!

Que de fois j’ai rêvé de n’être qu’un ange, survolant le monde en l’ignorant, submerger dans mes belles théories et mes pensées forgées à l’aulne d’une illusoire théorie de la pureté? Que de fois j’ai pensé que de mettre la main à la pâte serait dommageable pour mon intégrité chrétienne?

Pourtant… Si Dieu dans son grand ciel bleu avait voulu que l’humanité soit angélique, il l’aurait créée ange. Pire : son fils Ieshoua n’aurait certainement pas pris la peine de venir sur cette terre. Il serait resté assis sur un nuage, un trône ou je ne sais quoi, et surtout – surtout!!! – il aurait pu se sortir vivant des griffes des grands prêtres, scribes et ratoureux mangeurs de lois sans âmes qui ont voulu et obtenu sa mort atroce sur une grande croix.

Par la chair et le sang, Ieshoua nous montre ce qu’est notre propre humanité, que nous pouvons incarner l’amour complet et puissant de ce Dieu Père. Les anges n’ont qu’à bien se tenir… ☺

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Depuis qu’il est élu pape, François l’Argentin nous invite à incarner, maintenant, le Verbe de la Parole. Un Verbe d’amour d’abord. Dieu sait à quel point cela est parfois compliqué. Et que notre sang tourne au vinaigre bien des fois parce qu’il a peur, ou bien encore parce qu’il craint des situations qui pourraient faire mourir le corps.

Pourtant, tant que notre âme ne meurt pas, la vie peut se lever! Malgré la mort, ou avec elle, c’est selon notre résilience, notre ouverture, ou les personnes que nous croisons sur notre route.

Cette année, François a demandé que 2015 soit l’année de la vie consacrée. Ces hommes et ces femmes, qui la plupart vivent un célibat consacré, sont parfois la présence de l’Évangile dans les recoins les plus reculés, dangereux, sale, hors d’atteintes, ou remplies de péchés. Ils osent être présences d’Évangile en enfer.

Comme cette religieuse de la Miséricorde de Montréal que j’ai connue il y a quelques années et qui travaillait avec les femmes prostituées. Une présence aimante, accueillante, ne portant jamais de jugements. Un amour donné gratuitement et prêt à recevoir la personne au jour où celle-ci en aurait besoin.

Ou encore, toujours à Montréal, cette religieuse membre de la communauté des Petites Sœurs de Jésus qui, au moment où les personnes atteintes du SIDA mouraient par centaine, a osé aller travailler avec elles, dans les maisons où elles trépassaient. À l’époque (les années 80) rappelons-nous; la peur de toucher ou encore d’attraper le virus ravageur du VIH juste en s’assoyant sur un siège de toilette était encore très présente.

Ces deux exemples sont des chairs et du sang, donnés gratuitement sans compter le temps et l’implication de cœur, qui ont reflété cet esprit du Christ révélant la bonté totale. De par le monde, ils et elles sont des millions qui osent devenir corps et sang du Christ, incarnant l’Esprit Saint.

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L’angélisme est un danger qui guette les chrétiens. Ne pas savoir équilibrer notre corps avec un esprit qui ose se donner, et parfois, dépasser des frontières insoupçonnées. Celles inspirées par ce roi de l’univers si surprenant : Ieshoua, devenu Christ par le Père, reflétant l’Esprit Saint au-delà de sa Nazareth. Invitation à dépasser nos propres chairs frileuses, et à réchauffer notre sang dans le feu de notre relation à l’Évangile. Concrètement appliquée au jour le jour.

Mario Bard

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