Mon grain de sel

Grain de SelMon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 28 décembre 2014

par Mario Bard.

Un Dieu matériel, parce qu’il « a vu que cela était bon »

Ce qui m’impressionne dans ce texte, c’est l’aspect du rituel de présentation. Ieshoua, comme tous les humains de son peuple, est amené au Temple pour y être présenté au Dieu qui habite le temple, ce Dieu que plus tard, il appellera Père. Un père trop bon pour les bonnes gens… Mais ça, c’est une autre histoire.

Au départ, je me demandais pourquoi Luc avait écrit à propos de ce rite de présentation. Puis, je me suis dit que c’est peut-être à cause de ce qu’il cherche à dire sur Ieshoua. Ce dernier est un homme qui s’inscrit dans une tradition. Il n’est pas hors du temps et hors de sa culture. Si Dieu avait voulu rester hors du temps, il se serait probablement présenté sous la forme d’un fantôme sur qui la matière n’a aucune emprise. Par contre, aurions-nous été touchés de la même manière par cela? Probablement pas.

Dieu semble ainsi confirmer ce qui est dit dans la Genèse : « Dieu créa… et il vit que cela était bon. » Combien de fois chialons-nous contre la matière! Elle semble si dégradante et dégradée. Elle est considérée comme impure, alors que finalement, elle n’est que matière. Tout dépend de l’esprit que nous lui donnons. Et Ieshoua, en marchant sur notre terre, en étant une partie de cet univers, confirme que nous pouvons sanctifier celle-ci. Non par nos seules forces, mais par les choix que nous faisons. Et par la source même de notre regard.

Dieu-Ieshoua, matière constituée de cellules qui deviennent chairs, marchera jusqu’à la croix et le cœur de Marie en sera transpercé. Quoi de plus physique que la mort de son enfant? Selon des témoignages que j’ai entendus, c’est vraiment la pire, qui puisse survenir dans notre vie.

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J’ai toujours été imaginatif au sujet de Syméon. Je le vois vieux, courbé, barbu et amaigri par son âge vénérable. Un homme qui en a vu d’autres comme on dit. Son attente aussi m’impressionne. À croire qu’il cessera de manger et fera comme ces hommes sacrés de l’Inde que l’on retrouve dans la même position, presque morte, et qui vivent uniquement grâce au contrôle de leur souffle.

Sa joie est extrême. Il voit celui qui – enfin! – sauvera le monde. L’attente est complète, il peut mourir.

N’est-ce pas le regard que nous portons sur chaque enfant qui naît? Nous espérons le meilleur. Nous les voyons comme des sauveurs du monde. Bien sûr, la tradition chrétienne donne un aspect plus important à cette naissance de Ieshoua. Elle lui donne un sens universel et considère qu’elle permettra à tous de trouver le Chemin vers Dieu le Père.

Par contre, comme Syméon, j’aurais le goût de dire que nous sommes tous appelés à croire que la bonté de Dieu vient nous visiter, à l’instant, sous la forme d’une enfant qui vient de naître. Sauvera-t-il le monde? Et quel monde sauvera-t-il? Lui apprendrons-nous à sauver sa peau? Ou bien, saurons-nous lui transmettre la généreuse miséricorde qui habite le Père, le Fils et l’Esprit-Saint?

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Ieshoua vient visiter notre monde intérieur. C’est là qu’il naît et c’est à l’intérieur de notre oui qu’il peut grandir. Ce oui, un peu comme la présentation, doit devenir tangible, matériel et s’exprimer du mieux qu’il le peut dans notre culture et notre société d’accueil.

Mario Bard

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