Mon grain de sel

Grain de SelMon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 17 juillet 2016

par Mario Bard.

Une part à combler

La part de Dieu est fragile. En nous, elle n’est pas toujours bien assise, bien ancrée au cœur de notre cœur. Parfois, elle est malmenée par nos outrages à la vie; manque d’amour, manque de temps, manque d’expérience, manque de tout. Il semble que, comme être humain, nous soyons des spécialistes du manque.

Ou bien, est-ce même le cœur de notre cœur qui est construit pour rencontrer Dieu?

Y a-t-il un cratère dans notre cœur? Une faille géologique qui est normale, mais souffrante? De cette nostalgie que décrivait Thérèse de Lisieux, comme un ennui extrême du ciel. Et, quoique normale, ce serait grâce à cette faille, cette séparation de Dieu, que nous avons la capacité d’entrer en contact avec lui, d’apprendre de nouveau de lui et finalement, de lui dire oui quand il s’agit de remplir ce cratère. Le laisser habiter notre faille par la source vive de son amour.

Cette part de Dieu a besoin d’être continuellement nourrie. Nul ne peut affirmer avec certitude avoir définitivement trouvé ce qui peut le rendre meilleur, plus juste, plus saint… Il faut toujours marcher vers Dieu. Et comme dans toutes marches, il faut prendre une pause.

C’est ce que Marie fait. Son Seigneur est à la maison. Il enseigne et donne à manger sa parole remplie d’amour. Alors, il est normal qu’elle s’arrête. Par contre, qui fera le service? Un invité affamé devient vite désagréable et la soirée peut se gâcher sur le simple fait que la nourriture est servie trop tard, ou qu’il y en a trop peu. Bref, Marthe comprend cela et s’active.

Mais, la remontrance de Ieshoua, aussi insultante soit-elle, n’a rien à voir avec les talents de servante et de cuisinière que Marie pourrait avoir. Il pointe vers sa vie spirituelle. Elle s’inquiète pour tant de choses! Elle s’active, mais rien ne change, pourrait-on extrapoler. Comme si Ieshoua affirmait : les points sur lesquelles tu graves ta vie et nourris ta faille ne sont pas ceux qui sont essentiels à la survie de ton cœur, pour qu’il survive à la faille originelle. Et l’aide de Marie n’y fera rien. C’est d’abord à toi, Marthe, de nourrir cet espace.

Cette part manquante doit être nourrie avec de l’essentielle, et Marie l’a saisie. Elle s’assied, écoute, apprend du maître. Marthe peut aussi choisir cette part, rien ne l’en empêche. Elle doit cependant accepter d’arrêter devant ce Dieu de bonté. Écouter ce qu’il a à dire. Ne rien laisser passer et goûter, boire les mots et le cœur afin que la faille soit remplie de la source.

Le cœur de Dieu peut être facilement oublié, et notre faille alors s’assèche. Savoir s’arrêter et écouter est une composante essentielle de la vie active. Sinon, comme Marie, on s’active, mais probablement pas pour l’essentiel bonheur. Tout comme nous, elle doit apprendre à d’abord s’asseoir aux pieds du maître Ieshoua. Nourrie de sa parole et de son amour, elle peut mieux servir ses frères et sœurs.

***

Peut-être que cette part manquante est un espace où Dieu s’invite pour créer un être humain à sa vision. Laisser le Dieu de l’Évangile s’introduire dans cet espace permet alors de devenir plus amoureux, plus conscient de la fragilité de la vie, devenir plus généreux et plus enclin à donner sa vie, comme Ieshoua sur la croix. Le cœur lui, comblé de cette source devenue océan, éclate en mille radiations, meurt à lui-même pour renaître au Dieu de l’Évangile.

Mario Bard

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