Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 20 juillet 2014
par Mario Bard.
Quel règne de Dieu construire?
Au lieu d’être effrayé par les images de la fin des temps, je me rends compte aujourd’hui que cette parabole est lumineuse. Elle appelle les disciples à construire le Règne de Dieu. Mais voilà : quel devrait être ce Règne. Doit-il se construire avec des couronnes, beaucoup d’argent, des voitures de luxe et des festivals pour les personnes riches comme le dernier championnat mondial de football?
Le règne du football érigé en dieu reflète bien le règne d’une caste de moins en moins intéressée à partager le déjà trop qu’elle possède. Derrière la façade de saine compétition entre pays se cachent des contrats lucratifs pour quelques argentés, et de moins en moins de place pour ceux et celles qui aiment simplement s’amuser derrière le ballon rond.
Pendant plusieurs semaines, les joueurs se produisent devant des foules en liesse. Mais, les seuls qui peuvent entrer dans les stades sont les plus fortunés. Ceux et celles qui peinent à joindre les deux bouts se contentent de la télé ou des grands écrans dans les parcs. C’est toujours mieux que rien. Mais comme plusieurs événements sportifs et artistiques aujourd’hui, l’égalité des chances n’est plus au rendez-vous. On préfère offrir du luxe à la vraie vie.
Est-ce que ce luxe fait partie du Règne de Dieu?
Parfois, j’aimerais qu’il en soit ainsi. Dans cet univers de riches où tout est extrêmement contrôlé, où les personnes que l’on rencontre sont déjà sélectes (V.I.P. : Very important person), le risque de perdre est amoindri, pratiquement détruit. L’illusion de grandeur et d’être au-dessus de la mêlée est complet.
Même chose pour nos habitations. De plus en plus de promoteurs offrent de moins en moins de logements abordables pour un espace restreint. « Condo de luxe », « Vie de rêve », « Cuisine de chef! » À force de vouloir tout rendre luxueux, nous risquons de perdre la notion de partage. Nous voulons toujours plus pour nos poches déjà pleines. Comment construire un nouveau Règne de Dieu si nous peinons à marcher, parce que nous possédons trop?
Quand je pense au Règne de Dieu, je crois que la loi de Dieu permet que tous aient accès au grand arbre de la vie, à cette graine de moutarde qui devient un refuge ou le point de départ. Que tout un chacun soit respecté pour ce qu’il est et ce qu’il apporte. Que tous aient accès à des soins médicaux de qualité ainsi que des logements abordables et de qualités.
Les quêteurs du Règne de Dieu sont si peu écoutés. Ainsi, celui qui visite les malades est-il bien vu. Mais, que vienne le temps de l’épidémie, et on l’accuse de l’avoir propagée. Celui qui nourrit l’affamé peut prendre énormément de bouffe. Pourvu qu’elle soit bas de gamme et mauvaise pour la santé. Sinon, SCANDALE! On nourrit l’opprimé de ce qu’il n’appréciera pas. Le prisonnier? Si dans certains pays, le système barbare de la mise à mort est aboli, il demeure populaire dans une bonne partie de l’opinion publique et serait, secrètement, la façon naturelle de nettoyer l’humanité de ses scares. Il n’y a aucun espoir de réhabilitation pour l’humain. Mais comment Dieu peut-il se manifester en nous si nous le nions à ceux qui en ont le plus besoin?
Le Règne de Dieu est encore à construire. Et ce n’est pas à coup de bâtisse qu’il s’élèvera. Le cœur de l’humain doit, pour se faire, s’accrocher à un amour plus grand que lui. Il doit se laisser récolter à l’aune de la bonté.
Y croit-il seulement, ou préfère-t-il l’univers hyper contrôlé de ses richesses pesantes et abstinentes?
Mario Bard
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