Mon grain de sel

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Grain de SelMon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 14 septembre 2014

par Mario Bard.

Naïvement, croire au pardon

 

Écrire sur le pardon est toujours un exercice d’équilibriste. En effet, qui peut prétendre être assez avancé spirituellement pour y arriver pleinement? Ce que je veux dire, c’est que lorsque l’on écrit, c’est aussi parce qu’on porte en soi une part de témoignage vis-à-vis le sujet traité. Alors, écrire sur le pardon… C’est comme me dire que je dois écrire un livre de recettes! Je me sens totalement incompétent. Comme nombre d’entre nous, je me considère plus souvent comme ce serviteur mauvais qui refuse de pardonner. Ma dureté de cœur semble toujours être plus forte et prendre le dessus.

Je confonds aussi très souvent le péché et le pécheur. Si le péché est toujours un sujet de division entre Dieu et entre un autre être humain et moi, le pécheur est un être humain qui porte en lui un cœur de chair. C’est-à-dire, un cœur capable d’être en mouvement. Donc, je crois naïvement que le cœur de l’humain a plus à voir avec le cœur de Dieu qu’avec le cœur du mal.

Le paradoxe de ma croyance ne s’allie pas toujours avec mes actions. Cela vient peut-être du fait que, sur le coup, quand le mal donne pleinement sa mesure, quand l’autre blessé me blesse à son tour, je me durcis également. Je n’ai plus qu’une envie : faire mal à mon tour. L’exercice de la non-violence, qu’elle soit psychologique ou physique, est un défi constant.

Naïvement, ai-je dit, je crois tout de même que le pardon est possible. Un jour où l’autre, il devient la seule et unique possibilité qui s’adresse à nous. Personne ne peut rester dans la haine toute sa vie sans devenir à son tour un objet de haine. Haïr l’action de quelqu’un qui m’a blessé est une chose, haïr la personne en est une autre.

***

Quand j’ai su que je devais écrire sur le pardon, je suis allé dans mon moteur de recherche d’ordinateur. J’y ai tapé le mot pardon, et j’ai trouvé le nom de personnes inconnues qui pourrait me donner une idée du pardon. Je suis tombé sur celui de Maïti Girtanner.

Cette femme – née d’un père Suisse alémanique et d’une mère française – est entrée vers l’âge de 16 ans dans la résistance française, grâce à sa connaissance de l’allemand et son don pour le piano, qui avait d’ailleurs enchanté l’occupant. Elle sera faite prisonnière en 1944. Censée mourir aux mains de son bourreau, le docteur « Léo », elle survit, mais garde des séquelles permanentes des nombreuses expérimentations que le scientifique lui a fait subir. Son système nerveux est touché pour toujours et elle ne pourra plus jamais jouer de piano.

En 1984, son bourreau la contacte. Il désire être pardonné de son geste, lui qui est à l’article de la mort. Elle le rencontre et lui donne ce pardon qu’il attendait. « Très, très vite, j’ai eu le désir fou, irrépressible, de pouvoir pardonner à cet homme », confie-t-elle un jour à l’émission française Le jour du Seigneur.

Dans un article consacré à son décès, survenu en mars dernier, le journal La Croix écrit : « Celle qui ne retouchera jamais un piano, renoncera à se marier et à avoir des enfants, le vit venir à elle en 1984. Malade, à l’article de la mort, “Léo”, dont elle ne prononça jamais le nom, s’était souvenu de ses conversations avec cette jeune femme à l’intelligence vive, qui parlait de Dieu et de “‘l’après-vie”’ avec ses compagnons de torture. “‘Qu’est-ce que je peux faire ? ”’, lui demande alors celui qui était devenu un père de famille respecté. “‘Ne vivez que d’amour, puisqu’il vous reste quelques semaines. ”’ À ceux qui la rencontraient, elle confiait dans ses dernières années : “‘Je prie encore pour lui. Et je suis sûre que le Seigneur a entendu ma prière. ”’ »

***

L’inspiration est grande. Et l’exemple tout simplement exemplaire! Alors pourquoi dans ma propre vie ne suis pas capable de l’appliquer? En fait, peut-être que je dois me rendre encore davantage disponible à la parole de Dieu, chaque jour. Un peu plus, mais sûrement. Apprendre à la respirer et à la voir comme une réalité possible. Si le mal n’a pu avoir d’emprise sur une dame qui avait pourtant presque tout perdu, je peux, moi aussi, réaliser en moi une part du Royaume et apprendre à pardonner. Pour ne pas laisser la haine gruger mon cœur.

Mario Bard

  1. serge de grandpré

    le pardon reste un sujet tabou ds le sens qu il est impossible de savoir jusqu ou le coeur donne son pardon véritable. le dénie s installe ds le coeur sans meme s en apercevoir, je dis que c est un acte divin le vrai pardon sans retour d amertume, la preuve est que de pardonner en disant que ca ne revienne plus est une contradiction flagrante.Il reste que le pardon est le seul salut de l ame qui seras en communion pour l éternité avec toutes les ames

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