Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 26 octobre 2014
par Mario Bard.
Lettre à un ami qui veut mourir
Tu me parles souvent, toi l’autre, de ton désir de mourir. D’en finir avec une vie qui te semble sans fin et qui est sans queue ni tête; elle porte toujours un peu trop l’arrière-goût de ton passé tourmenté.
J’essaie d’être un ami qui positive tout, enjolive tout, te redit la beauté des choses: désolé, je ne sais pas faire autrement. Je te parle aussi de l’Autre. Ce Tout autre qui n’a rien de cet objet effrayant que les religieuses d’une certaine époque craignaient au point d’en faire un monstre calculateur, sans bonheur, et prêt à lancer sa foudre au moindre manquement. Cette image, l’Église essaie depuis une centaine d’années de l’abandonner.
Pourquoi?
Parce qu’il y a ces passages centraux de l’Évangile que l’on croit provenir de la personne même de Ieshoua le Christ, né à Nazareth. Ou que certains disent plutôt fortement inspirés de Lui. Peu importe; ces extraits nous rappellent que l’amour est d’abord premier dans l’Être du Tout autre.
Les spécialistes de la loi religieuse aiment bien discuter de ce qui est bien, et de ce qui est mal. Ils ont le souci des détails, parce qu’ils croient qu’une société bien ordonnée peut mieux fonctionner. Ils ont raison! J’aime bien quand les lois sont claires, les délais et limites établis dans un langage que je comprends. Puis, quand un voisin est trop bruyant à quatre heures du matin, on appelle la police qui lui rappelle que la nuit, je veux dormir, et tout la société en générale.
Par contre, le meilleur des spécialistes de la loi avouera également que la loi est appelée à évoluer, à se transformer. Parce que de nouvelles découvertes nous font réaliser que des règles deviennent obsolètes. Ou, au contraire, qu’elles doivent être réaffirmés avec force.
Ici Ieshoua, réaffirme que les dix grandes paroles de la Tora – Tu ne tueras point, tu ne commettras point l’adultère, etc. – sont bel et bien de Dieu. Mais, si l’amour de Dieu ne les habite pas dans leur interprétation, elles deviennent des Paroles dangereuses qui n’assistent plus l’Esprit Saint dans son œuvre de répandre l’amour autour du monde. Elles peuvent devenir des marteaux, des éclairs comme celles que tu imagines et qui détruisent tout. Elle ne construisent que désolation et mort.
C’est pourquoi le Ieshoua que je connais ajoute cet amour du prochain. Il sait trop bien que la perfection est un chemin long et difficile pour l’être humain qui ose marcher.
Alors, quand tu te crois trop imparfait pour continuer à vivre sous le soleil de Dieu, je te donne raison! Oui, nous sommes imparfaits comme être humain.
Mais, j’ose dire que c’est grâce à notre imperfection que Dieu crée, et non l’inverse. Les abysses de nos défauts les plus terribles ne demandent qu’à être rempli. On peut choisir de les remplir d’alcool, de sexe sans fin, d’adoration sans limites des nouveaux dieux que sont internet, la télé ou encore la nouvelle vedette hollywoodienne du moment.
Par contre, quand tu choisis de te laisser aimer par Dieu – qui se présente à toi par la voix de ceux et celles qui aiment gratuitement – l’abysse devient rivière, remplie d’un amour que tu ne peux parfois contrôler. Les inondations sont fréquentes dans le monde de la mystique. Tout comme les temps de sécheresse où seul le sourire d’un enfant sait te réconcilier avec la vie.
Le mystère de cet amour du prochain, j’essaie de te le donner chaque jour. Je n’y arrive pas encore, parcourant moi-même mes abysses sur des bateaux qui sont parfois remplis de produits toxiques. Mais, j’ose croire et espérer que, par la miséricorde de celui qui a su empêcher la lapidation de la femme adultère, ou qui a dit à Zaché, « Aujourd’huil, je veux aller chez toi », nous arriverons à nous aimer assez, comme être humain, pour enfin dire oui à la vie. Et faire de l’amour du prochain une suite logique et inséparable de l’amour de Dieu.
Mario Bard
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