Regards croisés

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Une invitation à faire de l’ensemble de nos vies une seule parole

L’exemple de la journée à Capharnaüm est présenté par Marc comme une journée typique de Jésus en mission avec ses apôtres en Galilée. Jésus, notre représentation de Dieu la plus conforme, est présent partout dans nos vies: dans ce que j’appellerais le religieux que symbolise la synagogue dans le récit de Marc, dans notre milieu privé, avec nos proches, comme l’est pour Jésus la maison de Simon et d’André, ainsi que sur la place publique qui est représentée dans le récit de l’évangéliste par la porte de la ville. Partout où est l’humain, partout où je suis présent pendant la semaine, tous ces milieux de vie, mis ensemble, rendent compte de ce qui fait l’humain. 

Dans ma vie de citadin du 21e siècle, ce témoignage que rend Jésus à Capharnaüm m’enseigne une chose précieuse: l’action de Jésus est présente dans toutes les sphères de ma vie. Comme Jésus qui se retire dans un lieu désert tôt, en matinée, après sa journée bien chargée à Capharnaüm, j’ai besoin, dans le silence, loin des bruits ambiants, d’entretenir mes liens d’espérance avec Jésus. Il m’invite à voir l’ensemble de ma journée comme un lieu de bonté, de beauté et de solidarité. Jésus mène sa vie sans l’enfermer dans un carcan figé comme un musée de cire.

Une invitation à être présent

Jésus, à Capharnaüm, est toujours conscient de ce qui vit autour de lui. Il intervient quand il voit un nœud à délier et sème la vie et la liberté autour de ces lieux qu’il habite. Il nous invite à être sur sa route, à être conscients de tout cet écosystème dont nous faisons partie, à faire ces gestes que l’on peut accomplir pour remettre debout, pour semer la vie. Ne jamais marcher avec des œillères. Être enraciné dans notre monde, y faire alliance avec ceux et celles qui y habitent. Savoir être présent à l’autre. Savoir lire les signes et écouter les paroles dans nos quotidiens et y tisser des solidarités. On ne peut pas mettre entre parenthèses des parties de notre être au monde. C’est l’enseignement que je tire de ce passage de Jésus et ses apôtres à Capharnaüm.

Tout au long de sa journée, à Capharnaüm, Jésus est confronté à des humains qui sont en manque. À des hommes et des femmes qui sont marqués par des passages à vide. Jésus se montre solidaire de cette condition humaine. On ne voit jamais Jésus poser un geste pour sa propre promotion, pour s’élever auprès d’autres humains autour de lui. C’est davantage lui qui s’abaisse, qui se fait le prochain.

Une invitation à venir habiter nos fragilités

Georges Convert avait une belle expression quand il voulait souligner le respect de notre humanité par Jésus, il nous disait qu’il était venu y habiter.

Comme le disait Paul Claudel que je cite de mémoire: «Jésus n’est venu ni supprimer la souffrance ni l’expliquer… il est venu l’habiter de sa présence. » Cette présence est celle de l’amour qui empêche la souffrance de nous replier sur nous-mêmes et de nous détruire dans l’égoïsme et l’agressivité. Marc mentionne qu’il sort la nuit;  probablement pour marquer symboliquement la difficulté des êtres qui souffrent, leurs ténèbres.

Georges Convert

Étienne Godard

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