Regards croisés

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Une intimité retrouvée

Ce texte représente les derniers mots de l’évangile selon Matthieu. On peut en être surpris d’ailleurs! Il est plutôt sobre selon mes critères. Pas de grandiloquence, pas de merveilleux, nous sommes loin du centre de pouvoir qu’est Jérusalem, où il y avait des frictions avec les autorités religieuses juives et le pouvoir de l’occupant romain, qu’Hérode et Pilate représentaient lors du récit de la Passion. Nous sommes loin des foules aussi, dont leurs présences marquaient souvent les déploiements des miracles, sur la montagne, sur les bords de la mer de Galilée, à Capharnaüm, à Jérusalem, à la piscine de Siloé, où encore à Jéricho.

Une figure d’espérance

Pour moi, à cette scène est attaché un caractère intime, quelque chose de familial même. Ils se retrouvent tous en Galilée, le lieu où Jésus a choisi ses apôtres. Cette Galilée, c’est leur terre d’origine, elle représente leur terre mère si je puis dire. Simon-Pierre avait sa maison près de la mer de Galilée, le premier lieu où ils ont demeuré ensemble. Jésus devait-être pour eux une grande figure d’espérance pour qu’ils marchent à sa suite!

Être sur une montagne, c’est être près du Royaume. Ce Royaume, c’est une plénitude de bienveillance, une plénitude de sens sur ma route. Pourtant les disciples y font preuve d’ambivalence. Le texte nous dit qu’en « le voyant ils se prosternent, mais certains ont des doutes » (v.17). À plusieurs reprises, les évangiles nous font part de ces turbulences qui habitent le cœur des disciples. Cela ne les rend que plus crédibles à mes yeux. Leurs récits d’espérance, je peux m’y immiscer, m’y sentir invité. Cette cohabitation de la foi et du doute me paraît très saine, très humaine. Cette reconnaissance est d’autant plus grande pour moi qu’elle n’enfreint pas la confiance du Maître en la responsabilité qu’il accorde aux disciples dans leur envoi en mission. Ils sont quand même là sur la montagne avec lui!

Une autorité bienveillante

Sa fréquentation a mobilisé chez eux une espérance sur leur monde que Jésus les invite à communiquer. L’autorité que Jésus a sur eux et peut avoir sur nous, en est une qui invite à croître pour donner du fruit. C’est à notre tour de se laisser mobiliser par cette espérance. La communauté que nous formons en Église nous met sur cette route. Georges Convert fait part de cette invitation dans son commentaire du texte de Matthieu:

L’Église est ainsi une assemblée de disciples, c’est-à-dire d’élèves qui se mettent à l’école du Maître qu’est Jésus pour y apprendre son Évangile et pour en vivre. “Car j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger, j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire, j’étais un étranger et vous m’avez accueilli” (Mt 25,31-35). On le voit, la seigneurie du Christ n’a rien de la gloire des puissants de ce monde. Elle est celle d’un Fils de Dieu qui se fait le prochain des humbles et des pauvres parce qu’Il est le témoin d’un Dieu qui n’est qu’Amour.

Georges Convert

Étienne Godard

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