Regards croisés

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Le pain du ciel

Après l’épisode des pains et des poissons multipliés sur la montagne, ici avec cet écrit de l’évangile de Jean, nous sommes encore comme la semaine dernière, dans la synagogue de Capharnaüm du côté opposé de la mer de Galilée où avait eu l’épisode de la multiplication des pains. Comme je le mentionnais, Jésus veut nous inviter à passer de l’autre côté, c’est-à-dire, associer ce pain donné en partage, à sa parole donnée en partage. Dans ce texte de Jean, Jésus se présente comme le pain de vie qui vient du ciel. Il affirme que ceux et celles qui le mangent accèdent à une vie d’éternité. Les juifs présents disent « nous connaissons sa mère Marie, son père Joseph, que veut-il dire par je suis le pain de vie qui vient du ciel? » Le Ciel désigne Dieu pour les juifs, l’acte de création, la sagesse divine. S’associer ainsi à Dieu, c’est un scandale pour tout juif de l’époque. J’ajouterais, pour nous, pour moi, que cette référence au ciel me renvoie, au plus profond de ma personne, à ce qui me définit comme enfant de Dieu, l’acte premier qui a donné naissance à ma vie: l’ultime désir de la création qui est l’amour.

La parole, un appel à la vie

La parole de Jésus est un appel à la vie. Pour moi, un appel qui vient contrer tout ce qui m’emprisonne, tout ce qui m’aliène, tout ce qui me fait chuter: quand je brise des liens qui sont sacrés, quand je n’écoute plus l’autre, quand je bafoue la liberté de mon voisin, quand sa parole n’est plus que du bruit à mon oreille. Concrètement, la parole de Jésus résonne dans l’épisode de la femme adultère, où les juifs qui ont amené la femme à Jésus disent: « Dans la Tora, Moïse nous a prescrit de lapider ces femmes-là. Et toi, qu’en dis-tu? » Jésus se redresse et dit: « Que celui d’entre vous qui n’a jamais péché lui jette la première pierre. » Je pense à celle du bon Samaritain, celle du fils prodigue. Je fais directement référence ici à des paroles de Jésus, à son enseignement donné tout au long de sa vie publique.

Sa parole est un appel à devenir

J’ai déjà cité cette parole de Guylain Price : « Un chrétien, c’est quelqu’un qui appelle à la vie ». Il en découle que la parole de Jésus en est une qui appelle à la vie, même dans les moments les plus difficiles. Je cite André Gilbert, dans le site mystère et vie. « Apprendre à ressusciter, c’est devenir ce que nous sommes au plus profond de nous ». En relation avec cette idée d’éternité, il écrit que « quand on donne naissance, la mort n’a plus d’emprise sur soi ». La miséricorde, le don, l’accueil, nos partages. Tous ces gestes sont pour moi des gestes qui peuvent donner la vie, au cœur de nos vies.

« Le visage de Dieu n’est pas l’Énergie — même transcendante et globale — il est Jésus de Nazareth. Les gestes de Jésus sont les gestes de Dieu. En Jésus, Dieu a un cœur (…) dont la tendresse infinie résonne dans les mots mêmes qui sortent de sa bouche. En Jésus, Dieu a des bras qui m’étreignent avec une miséricordieuse chaleur. En Jésus, Dieu souffre, Dieu pleure à cause de la souffrance de ceux qu’Il aime. En Jésus, Dieu sourit et me dit sa joie et son bonheur. Le chrétien ne voit pas Dieu… pas plus que le bouddhiste ou le juif ou le musulman. Mais il voit « celui qui a vu » Dieu.

Georges Convert

Étienne Goda

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