Regards croisés

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Le pain de vie

Nous sommes toujours au chapitre 6 de l’évangile de Jean. Celui-ci nous parle toujours du pain de vie, qu’il associe à Jésus. Il faut continuellement garder en tête qu’au début de ce chapitre l’évangéliste Jean nous présente la distribution du pain et des poissons sur la montagne. Jésus y nourrit une foule qui a faim. Mais faim de quoi? Il nous faut garder en référence ce précepte que l’on retrouve dans toute la bible: l’humain ne se nourrit pas seulement de pain, mais aussi de toutes paroles qui viennent de Dieu.

Chair et sang

Comment comprendre que, dans ce texte de Jean, à plusieurs reprises, Jésus nous invite à nous nourrir de sa chair et de son sang? Nous pouvons bien nous demander ce que signifient ces paroles! Georges Convert nous enseignait, au Relais, qu’il faut comprendre l’expression « chair et sang » comme la désignation de l’ensemble de la personne, son agir, son enseignement, tout ce qu’il représente. Cette globalité qu’est Jésus nous est transmise par les Évangiles. Nous sommes appelés à incorporer cet enseignement en nous. Jésus est né et puis a été déposé, par Marie et Joseph, dans une mangeoire à Bethléem (qui veut dire la maison du pain). Quoi de plus inspirant pour signifier l’assimilation de son enseignement que de l’associer à une nourriture, à un repas. Je fais une boucle et, de la mangeoire, je fais un arrêt sur image où je retrouve Jésus dans la scène de la multiplication des pains sur la montagne.

Le repas de la parole

Au Relais Mont-Royal, nous avons développé une activité que nous appelons le repas de la parole. Nous étions, samedi dernier, dans la cour chez-moi, dix personnes autour d’une table. Chacune des personnes a apporté de la nourriture à partager. Nous avons ouvert notre rencontre avec un chant de Taizé puis une des personnes a lu un passage de l’évangile de Jean. Chacun d’entre nous avait le texte avec lui. Puis, nous avons débuté notre repas tout en partageant sur le texte de l’évangile, en essayant de tisser des liens entre ce Jésus et notre quotidien. Ainsi, l’action de manger tous ensemble autour d’une table commune c’est de se nourrir à une même source de vie. C’est une manière de lier l’action humaine à la parole de Jésus. C’est ainsi que j’interprète toutes les scènes de repas que l’on trouve dans les évangiles où Jésus, assis autour d’une table, nourrit de sa parole.

Nous sommes invités à tourner les yeux vers Jésus qui seul est capable de rendre Dieu compréhensible. Curieusement, il ne nous parle pas de châtiment ni de colère divine. Il nous parle de nourriture et de breuvages qui font vivre. Pourtant il préfère prendre l’image du pain, car elle implique la participation des hommes. Pour que le pain devienne du pain, il faut l’action conjuguée de plusieurs individus, il faut semer et récolter le blé, puis il faut le moudre, pétrir la pâte et la faire cuire. Jésus signifiait par-là que le don de Dieu n’est perceptible dans la vie des hommes que si une action humaine se produit pour lui donner du sens. C’est par l’action des hommes que Dieu se révèle quand il leur porte secours. Il me semble donc que Jésus ne conçoive l’action de Dieu parmi nous que si en même temps elle est révélée par les hommes. L’enjeu pour nous est de l’écouter vraiment, de lui donner crédit en notre vie, de faire ce qu’il propose…donner à cette parole d’interagir avec notre existence… de l’interpeller…

Georges Convert

Étienne Godard

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