Regards croisés

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« Marcher avec »

J’ai lu dans un texte de l’abbé Jean Compazieu dans un commentaire sur le texte d’évangile qui nous est proposé aujourd’hui que la démarche de la foi c’est de « marcher avec ». Ce marcher avec me donne une clef de lecture du texte de Jean (6,59-71). Ce texte est la fin du long discours que relate Jean fait par Jésus à la synagogue de Capharnaüm, suite à la multiplication des pains sur la montagne, qui marquait le début du chapitre 6 de Jean. Jésus remarque, pour la première fois depuis qu’il a débuté sa vie publique en Galilée, que des juifs manifestent de la difficulté à le suivre plus loin. Jésus le note au verset 64 « Il en est parmi vous qui n’ont pas la foi. » Effectivement, à partir de ce moment, les gens, ses disciples, seront moins nombreux à « marcher avec » lui.

Si nous lisons bien la progression de l’évangile de Jean dans le chapitre 6, on s’aperçoit bien qu’ au début du chapitre, lors de la multiplication des pains, les personnes qui cherchent sa compagnie sont nombreuses. Mais, quand le discours de Jésus se développe et qu’il parle de lui comme le pain venu du ciel et de la nécessité de manger sa chair et  boire son sang, sa suite se fait moins nombreuse. Il y a une coupure importante. Si, après la multiplication des pains, la foule, nous dit Jean, a voulu faire de Jésus leur roi, à la fin du discours de Jésus à la synagogue de Capharnaüm, nous sommes loin d’un tel empressement. Face à cette demande de la foule, Jésus s’est retiré, note Jean. Jésus refuse la domination, la puissance et la violence. C’est à un changement intérieur qu’il appelle, un changement qui parle au cœur et qui appelle à l’amour. Les personnes qui cherchaient un messie politique qui les libère des armées romaines et amène la gloire au royaume juif ont pris une autre route.

C’est deux visages de l’appel du Tout Autre qui nous sont communiqués dans ce long chapitre 6 de l’évangéliste Jean. L’on pourrait s’arrêter au visage du Tout Autre que nous révèle la multiplication des pains, à strictement parlé. Un visage de Dieu qui veille sur notre bien-être matériel et qui régit notre être au monde.Et il y a cet autre visage, communiqué par le fils, qui est un reflet d’humanité, à la frontière de la fragilité, de la liberté, de l’accueil et de l’espérance, dont la seule force est celle de l’amour et de la miséricorde. Je reviens à l’abbé Jean Compazieu, un souffle qui nous invite à « marcher avec ». Qu’est-ce que me dit ce texte aujourd’hui? Est-ce que je suis la route que m’ouvrent mes pulsions biologiques de puissances, de contrôle et d’exaltation du moi qui teintent mes relations dans le quotidien ou j’ose porter mon regard ailleurs, en construisant une alliance avec ceux et celles qui sont sur mon chemin, en « marchant avec ».

« ll faut vivre sur le registre de l’amour et du pardon et croire que seul le pardon d’amour peut changer le coeur de ceux qui font le mal. Dieu est tout-puissant seulement en amour. C’est uniquement par l’amour qu’Il veut vaincre le mal. La mort de Jésus sera voulue comme un geste de pardon d’amour envers ceux qui le rejettent, et qui le rejettent parce qu’il se veut le visage d’un Dieu qui n’est que miséricorde. Voilà peut-être la raison qui amènera Judas à trahir. Si Judas est issu du mouvement des zélotes, il a pu juger que la pensée et la conduite de Jésus ne pouvaient que démobiliser ceux qui voulaient libérer Israël des Romains par un combat violent. Mais Judas ne sera pas le seul parmi les Douze ».

Georges Convert

Étienne Godard

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