Regards croisés

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Ce texte de l’évangéliste Marc me laisse perplexe sur la sagesse du choix de Jésus dans sa sélection des disciples qui l’accompagnent. Ce texte débute au verset 35 du chapitre 10. Jacques et Jean, des apôtres qui font partie des premiers qui ont été appelés par le maître au début de sa vie publique. Ils font une demande inhabituelle à Jésus: “Accorde-nous de siéger dans ta gloire, l’un à ta droite, l’autre à ta gauche” dans le monde qui vient. La phrase qui précède, le verset 34, Jésus affirme aux disciples, qu’arrivé à Jérusalem, qu’il allait être condamné à mort, que les gens “cracherons sur lui, le flagelleront et le tueront et, trois jours après, il ressuscitera”.

Incompréhension des disciples

Jésus annonce à ceux qui le suivent qu’il va souffrir et mourir. Mais Jacques et Jean, qui doivent représenté l’opinion générale des disciples, se disent, oui, ce seront de mauvais moments à passer, mais, après, le règne va venir et, ayant suivi le maître pendant tout ce temps, contre vent et marée, nous nous retrouverons du bon côté du bâton! À nous la vie de palais et le pouvoir d’aplanir le chemin, comme le disait Jean le Baptiste. Dans ce nouveau royaume, comme dans tout royaume, se disent les disciples, il doit y avoir de bonnes places à pourvoir. Aussi bien qu’elles nous soient réservées. Nous avons été les bons soldats du maître, se disent les disciples, quelque part, ce royaume qui vient, c’est le nôtre! C’est-là une conclusion à laquelle doivent venir bien des chrétiens. Il est vrai qu’il est écrit, dans le livre de Daniel, composé un siècle et demi avant la naissance de Jésus, on peut lire: “Il lui fut donné souveraineté, gloire et royauté: les gens de tous peuples, nations et langues le servaient (Dn 7,13-14).

Écouter de nouveau

Tout au long de sa vie publique, Jésus va chercher à faire comprendre, tant aux disciples qu’aux foules qui se pressent pour l’entendre, que notre vie ne doit pas être une recherche de puissance et de domination, mais, dans une forme d’abandon, il nous faut laisser place à la relation qui seule fonde la création que veux la vie. Nous ne pouvons nous faire nous-mêmes. Un appel à l’alliance, un appel à la grandeur du don. Ne dit-on pas qu’à la fin de notre vie, il ne nous restera que ce que nous avons su donner, l’amour que nous aurons su partager? Jésus rappelle à ses disciples qu’il n’invite pas à dominer, mais à servir. Servir se fait toujours dans une rencontre, dans un dialogue.
« La plus belle image de Dieu que Jésus nous ait donnée se trouve sans doute dans le geste du lavement des pieds. Et ce geste de Jésus n’est pas d’abord une attitude d’humiliation, mais d’amour et de tendresse.
Laver les pieds n’était pas le travail du serviteur, mais c’était le geste d’affection que les enfants avaient envers leurs vieux parents.

(…) Celui qui aime ne peut qu’être humble et vulnérable. Et Dieu n’est qu’amour. C’est dans ce geste du lavement des pieds que le «visage de Dieu se révèle enfin, le vrai, l’unique visage de Dieu, inconnu, insoupçonné, imprévisible, merveilleux, celui que le monde d’aujourd’hui attend et ne connaît pas encore» (Maurice Zundel).
Voilà peut-être la mission actuelle la plus urgente des disciples du Christ Jésus: témoigner dans leurs relations fraternelles au sein des communautés chrétiennes aussi bien que dans les relations quotidiennes au sein de la famille, du réseau d’amis, du groupe de travail, que l’amour vrai a visage d’humilité et de gratuité. »

Georges Convert

Étienne Godard

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