Regards croisés

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Avant cet épisode sur le mont des Oliviers, au début du chapitre 13 de l’évangile de Marc, Jésus avait annoncé que le Temple de Jérusalem allait être détruit. Pour les Juifs, c’est une annonce catastrophique. Le Temple de Jérusalem, c’est le lieu de résidence de Dieu. L’ensemble de la vie juive tourne autour du Temple. Une telle annonce est une annonce de la fin du monde, du monde tel qu’ils le connaissent, comme Juif, habitant la Palestine, province romaine, au début de notre ère.

Le langage symbolique des textes d’apocalypses

Plusieurs ont souvent cherché et cherchent toujours, à trouver dans ces récits sur la fin des temps, les apocalypses, que l’on trouve dans les écrits bibliques, une grille explicative sur notre histoire contemporaine. Je pense qu’il faut faire attention avant de tisser de tels parallèles. Les textes bibliques s’adressent à un espace et un temps bien déterminés. Le commentaire de Georges Convert nous dit, en parlant du texte de Marc et de son caractère apocalyptique, que nous sommes ici dans un langage symbolique. Il écrit : «Chez les peuples de l’Antiquité orientale -en dehors d’Israël-, les astres étaient les divinités maîtresses de l’univers. Parler de l’éclipse du Soleil et de la Lune, de la chute des étoiles, c’est donc attester le triomphe du Dieu Unique sur l’idolâtrie païenne.» Georges nous invite à lire ce langage comme une réalité qui est propre à l’Ancien Testament.

Appel à la naissance d’un Nouveau Monde

Le discours de Jésus est une invitation à entrer dans monde radicalement différent de l’ancien. Un monde où la gloire et la puissance ne se mesurent plus en force brute ou en compte en banque, mais en qualité de relation humaine, qui se construit par le respect, l’accueil et la bienveillance. Il est vrai que Jésus nous annonce la fin d’un monde. Ce Nouveau Monde dans lequel il nous invite à entrer en est un d’alliance, de relation : « Aimez-vous les uns les autres. » Pendant toute sa vie publique, Jésus a cherché à dévoiler cette vie qui pourrait être vécue autrement. Ce souci constant qui nous appelle à s’aider à se relever les uns les autres, comme l’appelle à la figure du bon Samaritain. Un appel à éclairer le visage de son Père par des images associées à la miséricorde, à la bienveillance et à l’amour. Cette croyance à un monde possible, qu’il appelle le Royaume, est ce Nouveau Monde qu’il nous invite à accueillir. Il demande aux disciples et à nous tous d’avoir foi en ce Nouveau Monde. De se laisser habiter par cette espérance.

Ce signe de la fin des temps est en quelque sorte universel. Devant une impasse, nous est invité à embrasser une nouvelle manière de vivre. Dans la ville britannique de Glasgow se tient ces jours-ci la COP26, le grand sommet sur le climat afin de mettre un frein à l’augmentation de la température de la planète Terre. On nous présente ici aussi un espoir dans un autre monde possible. Nous allons fêter bientôt le jour du Souvenir, par lequel nous nous remémorons les catastrophes des guerres qui ont mis à mal notre monde au vingtième siècle. Elles ont donné naissance à de grandes espérances.

Un vieil ami exprimait ainsi son optimisme humain : « Le monde est un vaste bordel. Et toutes les idéologies et les religions ne le changeront pas vraiment. Mais ce que chacun fait de bien -si petit soit-il- empêche le monde de devenir pire ». Mais, à cet optimisme, Jésus ajoute : « En son Jour, Dieu rassemblera tous ceux qui, dans leur vie, auront misé sur la bonté, afin qu’ils vivent une communion éternelle en son amour. » Oui, la victoire de Jésus sur la mort, au matin de Pâques, est le gage de cette vie qui nous est promise. Les petites fleurs du bien –ce que chacun peut faire dans l’ordinaire de sa vie quotidienne- ne sont peut-être que des bourgeons,mais ces bourgeons sont pour nous le gage que notre vie s’épanouira dans la bonté, au Jour et à l’Heure de Dieu.

Georges Convert

Étienne Godard

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