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Dans ce récit que nous donne l’évangéliste Luc, nous découvrons comment se fait la rencontre de Iéschoua avec les hommes qui seront ses premiers disciples: Simon-Pierre, Jacques et Jean. Tout au long des récits que tracent les évangiles, ces trois disciples marquent la garde rapprochée de Iéschoua. Ils participent aux épisodes de premier plan. Luc nous fait savoir qu’avant d’être des disciples, Simon-Pierre, Jacques et Jean sont des compagnons, engagés dans une entreprise commerciale, la pêche.
Nous les retrouvons souvent ensemble dans une barque, sur la mer de Galilée. Dans la première partie des évangiles, il est fait mention à quelques reprises de la maison de Pierre qui est à Capharnaüm. La mer de Galilée, la pêche, font partie du paysage.
À la fin de l’évangile de Jean, ces réalités reviennent prendre toute leur place. Quand les apôtres s’approchent de la berge, Iéschoua ressuscité les attend. Il est sur la berge en train de faire un feu. Les apôtres sont de retour dans leur barque, sur la mer de Galilée. C’est ici que l’évangéliste Jean place l’événement de la pêche miraculeuse. Pierre y joue toujours le rôle central. Sur la berge, Iéschoua les accueille avec du poisson qui grille sur le feu.
Ces portraits sont un ancrage dans la vie quotidienne de Iéschoua: j’imagine les vagues qui viennent frapper la barque, je sens l’odeur du sel, la sueur des pêcheurs qui ont pêché toute la nuit. Le récit de Luc nous informe que Simon-Pierre, Jacques et Jean, sortis de leurs barques, nettoient les filets. Ils rapiècent aussi certainement des déchirures qui se sont produites, c’est courant dans les expéditions de pêche.
On nous dit que Simon-Pierre va accepter d’amener Iéschoua un peu plus loin sur l’eau afin qu’il puisse être bien entendu par la foule. Que s’est-il passé? Peut-être a-t-il déjà entendu Iéschoua prêcher ailleurs. Où a-t-il entendu des paroles de Iéschoua s’adressant à la foule qui se pressait contre lui. Des paroles qui ont eu du sens, qui ont apporté de la lumière à lui et à ses compagnons. Dans les heures précédentes, ils ont frappé un mur: ils ont passé toute la nuit, sur la mer, sans rien prendre. À travers sa parole, ses gestes, son regard, Iéschoua a fait en sorte de se faire proche d’eux, avec eux.
Simon-Pierre s’éloigne de la rive et Iéschoua parle en s’adressant aux gens qui sont sur la rive. Simon-Pierre, Jacques et Jean sont aussi à l’écoute. Cette parole qui résonne en eux devient une invitation à entrer en relation, même de s’y engager plus loin, dans une alliance qui donne un sens à leurs quêtes. À la demande de Iéschoua, Simon-Pierre accepte d’aller encore plus au large. Il est serein, il est dans la confiance. Aller au large, c’est ne plus voir la rive, perdre ses repères, aller au fond de soi. Mais le maître a su tisser du sens. Sa proximité a fait naître une soif de vie incommensurable. Une fois les filets bien tendus ramenés à la rive, Jacques, Jean et Simon-Pierre « comprennent qu’il y a quelque chose de plus qu’une bonne pêche » dans ce qui vient de se produire, écrit Georges Convert dans son commentaire.
Pour moi, c’est une invitation, à notre tour, d’accepter d’aller au large, pour affronter, dialoguer avec nos peurs, affronter nos démons, en restant solidement ancré dans la parole, le souffle de Iéschoua qui est venu révéler sa proximité en nous invitant, nous aussi, à notre tour, de savoir nous faire proches et disponibles, tout particulièrement à ceux et celles qui, de manière infructueuse ont peiné toute la nuit…
« Jésus, mon Seigneur,
Georges Convert
crée en moi un coeur qui ose avancer au large,
dans les eaux profondes
où règnent les forces
qui défigurent l’être humain.
Insuffle dans nos communautés chrétiennes
le goût unique de ta liberté amoureuse.
Souffle en notre être l’immensité de ton amour.
Que nous témoignons que tu es la bonté incarnée
d’un Père de qui nous sommes toujours aimés
et respectés. Amen! »
Étienne Godard
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