La tradition liturgique a choisi ce texte de l’évangéliste Matthieu comme lecture pour notre entrée dans le temps du carême. Ce texte nous entretient sur la démarche que l’Église nous propose afin de nous préparer à la fête de Pâques — soit l’aumône, la prière et le jeûne. Le mercredi des Cendres, marque le début de notre entrée sur le chemin de Pâques, centre de la tradition chrétienne.
Dans la Bible, les cendres expriment la tristesse; tristesse de la femme et de l’homme devant les choix difficiles qu’ils rencontrent dans la vie; tristesse d’avoir brisé des liens, des engagements qui donnent le plus de valeur à leurs cheminements. En cela les cendres sont l’image de la fragilité de l’être humain.
Il y a quarante jours entre le mercredi des Cendres et la célébration de Pâques. C’est un chiffre important dans la Bible. Les Juifs ont été en exode quarante ans dans le désert. Moïse a été quarante jours sur la montagne avec Dieu, Jésus a été quarante jours dans le désert après son baptême par Jean-le-Baptiste. La maternité dure quarante semaines. « Quarante » est présenté comme un temps de transformation, un temps de préparation, de création.
On peut associer différentes expressions pour parler de ce temps de quarante jours que l’on appelle le carême. Nous pouvons dire que c’est un temps pour se réconcilier, pour reconstruire les ponts que nous avons jetés à terre autour de nous. Un temps pour s’ajuster, pour être juste envers ceux et celles que l’on côtoie. Être juste envers les humains, c’est être juste envers Dieu.
Comme nous l’avons vu plus haut, nous associons généralement trois gestes au carême: aumône, prière et jeûne. L’aumône, nous pourrions en parler comme d’un choix qui nous amène à être plus conscients des besoins des autres. La prière, c’est de se mettre à l’écoute. À l’écoute de l’esprit dans nos vies, à l’écoute de la Parole de Iéschoua. Nous sommes invités, dans cette période du carême, à accorder plus de temps à cette écoute.
Il nous reste le jeûne. Nous pouvons interpréter le jeûne d’une façon plus large que le simple rapport à la nourriture. Nous pouvons ainsi voir le jeûne comme une invitation à se décentrer, un temps, de ce qui anime nos faims quotidiennes. Ces faims sont multiples: nos téléphones numériques, nos tablettes numériques, tous nos réseaux sociaux dans le monde électronique, notre rapport au corps dans le paraître, le gym, la gourmandise, etc. Il ne s’agit pas ici de tout mettre sur pause, mais de faire un peu de place dans nos regards, dans notre écoute, à la découverte d’autre chose. Cela peut être par exemple des personnes laissées pour compte dans notre famille, des amitiés négligées. Bref, porter attention à des expressions de vie que nos œillères habituelles rendent invisible. Notre pratique religieuse nous apprend à prendre soin de nos liens, de nos alliances. Prenons le temps, dans cette période du carême, de les revisiter.
Étienne Godard
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