Regards croisés

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Ce discours de Jésus, rapporté par l’évangéliste Jean, se trouve toujours dans le cadre du dernier repas. La section à l’intérieur de laquelle nous sommes porte le nom du discours d’adieu. Jésus et ses disciples vivent les derniers moments où ils sont en présence l’un de l’autre avant sa mort sur la croix. Ses disciples n’en sont pas conscients, mais Jésus, lui, connait que l’heure de sa mort est proche. Ces moments lui sont précieux. Il cherche pour une dernière fois à bien solidifier l’héritage qu’il a voulu leur transmettre.

Un héritage à transmettre

Cela fait longtemps que les apôtres marchent à la suite de leur maître. Il a cherché le plus possible à leur faire connaitre le chemin qui même à la connaissance de son Père, à la connaissance de son Royaume.
Sur sa route, il les a initiés à la sensibilité de l’écoute, à la primauté de l’humain sur la loi, à l’attention à l’invisible, à l’importance de savoir donner
à boire et manger pour répondre aux faims des corps et des esprits. Il a fait connaitre la grandeur de l’amour, du service et de l’accueil, tout comme l’importance de tisser des liens, de savoir valoriser l’autre. L’image qu’il a donnée en exemple : savoir manger autour de la même table, à partir du même pain tout en cultivant la miséricorde.

Malgré toutes les difficultés les apôtres ont rencontrées et qu’ils vivront encore avec l’arrestation et la mort de Jésus, ce dernier les assure de son amour. Ces apôtres sont devenus ses amis les plus précieux qui ont été à l’écoute de sa parole et qui sont le plus à même de la garder en la mettant en pratique. Écouter sa parole, la garder et la mettre en pratique c’est pour Jésus une définition de l’amour. Comme lui, qui a été à l’écoute du Père, a gardé sa parole et l’a mise en pratique, il souligne l’amour qui les unit. C’est ce qu’il reconnait au verset 23 : « Si quelqu’un m’aime d’amour gratuit, il gardera et accomplira ma parole. »

Jésus leur annonce son départ prochain, son départ vers le Père. En parallèle, il leur annonce aussi la venue de l’esprit: Jésus nous assure que nous ne sommes pas seules quand nous sommes confrontés aux difficultés de nos vies. Il leur annonce, comme il nous l’annonce aussi, que si l’amour est présent, l’esprit de Jésus aussi sera présent à nos côtés et qu’ainsi, qu’à travers cet esprit, sa parole continuera à être présente en nous pour nous propulser sur le chemin de la vie, sur son chemin.

Ma compréhension, c’est qu’il nous invite être présent à la lumière dans nos vies. Être présent à cette lumière, c’est avoir le discernement de choisir, dans toutes les circonstances, le chemin qui mène à la vie dans les intersections que croisent nos pas .Comment? En continuant à fréquenter sa parole, sa communauté, nous saurons garder cet esprit présent à nos côtés.

Reconnaitre les lieux qui sont habités

Pour se mettre à cette écoute, il nous faut créer des opportunités, nous donner du temps, aller à la rencontre de lieux qui sont habités de cette parole, des lieux qui résonnent de sens. On connait tous des lieux qui sont habités de parole et de sens. Encore nous faut-il nous donner le temps de les fréquenter. Georges Convert écrit dans son commentaire « on pourrait dire que contempler, c’est se mettre sur la longueur d’onde de l’Esprit ». Le verbe contempler résonne pour moi avec silence. Je n’ai jamais rencontré l’esprit dans le bruit. Souvent, j’ai trouvé, dans le murmure de la communauté, le meilleur dépositaire de la parole. Chacun, chacune de ses membres la décline avec ses mots, ses gestes, ses regards. La communauté est polyglotte.

Au soir de la résurrection, Jésus va inspirer ses disciples. On traduit souvent: il souffle sur eux. Mais le verbe employé dit: il insuffle en eux. Comme on le fait quand quelqu’un ne respire plus. Par le bouche-à-bouche, on lui insuffle notre propre souffle pour lui redonner du souffle. Jésus fait entrer en ses disciples une force de vie, un souffle spirituel de vie divine. La Genèse décrit la création de l’être humain comme un don de souffle divin. Le Seigneur-Dieu modela l’humain avec de la poussière prise du sol. Il insuffla dans ses narines le souffle de vie, et l’humain devint un être vivant (Gn 2,7). Le Ressuscité recrée ses disciples avec un souffle divin de bonté, de pardon. Remettez les fautes. Pardonnez. Transmettez-vous les uns aux autres mon souffle de bonté, de pardon pour remettre les cœurs dans la paix ». La faute est toujours un manque d’amour, et manquer d’amour c’est affaiblir la vie en nous.

Georges Convert

Étienne Godard

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