Regards croisés

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Les apôtres reviennent de mission. Ils ont raconté à Jésus tout ce qu’ils ont fait. Pourtant, à la demande du maître de nourrir la foule, ils doutent. Tous les évangiles rapportent cet épisode de la multiplication des pains. Il a dû profondément marquer les esprits. Le symbole devait être parlant pour de nombreux disciples, ce symbole que met en parallèle l’enseignement de Jésus et la nourriture. Très probablement parce que nombreux sont ceux qui, suite à un enseignement du maître ou d’un disciple après le départ de celui-ci, y ont trouvé une nourriture pour leur vie. Comme l’a dit Jésus, la nourriture ne comprend pas seulement le pain, mais aussi toute parole qui viennent de lui.

Cette quête pour mettre la main sur la nourriture de la parole, chacun, chacune des chrétiens ont sans doute ses propres expériences. Personnellement, avec mon ami François, nous avons parcouru de nombreux lieux à Montréal pour apaiser notre soif. Nous parlions de l’esprit, la semaine dernière. Cet Esprit est une manifestation de la parole qui est permanente, mais, comme la vie, elle est en mouvement. Nous ne pouvons pas la saisir pour l’assigner à résidence. Parfois, elle se révèle dans le silence, dans la solitude, dans la contemplation, via les images, les symboles qui nous transportent vers une autre réalité ou, bien sûr, par l’enseignement. Une chose est certaine : c’est que toujours, après avoir été en présence de sa manifestation, sous quelques formes qu’elle ait prises, c’est le repas pris ensemble qui nous permet de lui donner pleinement vie. De l’inscrire dans nos pas, nos passions, nos questionnements, nos doutes.

C’est une des grandes vérités que j’ai découvertes dans ma lecture des évangiles : l’accessibilité à la parole se magnifie dans la communauté humaine. Ce n’est pas pour rien que le partage de la table est si souvent mentionné dans les évangiles. La nourriture du corps va de pair avec la nourriture de l’esprit. Manger ensemble c’est essentiellement humain. Comme nous le lisons dans le livre sur le partage de la Parole lors des repas de fraternité, publié par le Relais en 2003. « Ce n’est pas parce que nous sommes frères et sœurs que nous mangeons ensemble, mais c’est parce que nous mangeons ensemble que nous sommes frères et sœurs. »

« Le pain est le symbole d’une Parole qui fait vivre parce qu’elle est nourrissante pour l’esprit. Notre monde actuel a perdu beaucoup le sens du repas. Le repas est devenu le plus souvent simplement un temps pour nourrir son corps. On mange souvent seul devant une télévision. On mange chacun son plat, avec son cabaret, dans une cafétéria où chacun se sert soi-même. Or, le repas partagé est un geste qui a une dimension humaine et communautaire d’une grande puissance symbolique. Le repas rassemble et nourrit d’un même pain, d’une même nourriture, pour unir ou ré-unir. »

Georges Convert

Étienne Godard

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