Regards croisés

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Dans l’évangile de cette semaine, Luc nous présente une parabole que Jésus raconte à ceux et celles qui le suivent sur la route vers Jérusalem. Cette parabole, comme celle que nous rapportait l’évangile de la semaine dernière, nous parle de la prière. Elle met en scène deux hommes, au Temple, en train de prier. Le premier appartient au groupe des pharisiens. Les pharisiens étaient des hommes très religieux, qui se faisaient un devoir de respecter à la lettre tous les commandements de la Bible. Les évangiles sont particulièrement critiques des pharisiens. Il faut dire qu’après la destruction du Temple en 70 de l’ère chrétienne, c’est eux qui vont assurer la survie du judaïsme. C’est aussi eux qui vont décider de l’exclusion des chrétien des synagogues. Alors, qu’en fait, durant la vie publique de Jésus, les deux groupes, Jésus et ses disciples d’un côté, et les pharisiens de l’autre, devaient mener des batailles similaire sur plusieurs points.

Revenons à la parabole. Le premier homme qui est présenté par celle-ci, est un pharisien, qui se tient debout nous dit le texte. Ce qui frappe, c’est son manque complet d’humilité. Il affirme, devant dieu, qu’il n’est pas comme les autres qui sont voleur (etc…), mais que lui jeûne deux fois par semaine et paie toujours sa dîme. Sa prière n’en est pas une. Une prière,  c’est une entrée en relation. Se mettre à l’écoute de. Ce n’est pas une prière qu’il fait, c’est un monologue. Il regarde toute la création de haut. Il n’a aucun besoin d’entrer en relation, il est imbu de lui-même. Il affirme s’être fait lui-même. Il ne présente aucune faille, aucune fragilité, aucune fissure par laquelle Dieu pourrait s’immiscer. Au début de sa prière, il dit à Dieu je te rend grâce. En fait, il se prosterne devant son image renvoyée par un miroir. Il rend grâce à lui-même.

Le second de ces deux hommes montés au temple pour prier, nous dit la parabole, est un publicain. Il faut comprendre que l’on appelait publicain les hommes qui collectaient les taxes pour les romains, qui occupaient le territoire de la Palestine. On peut facilement comprendre qu’ils n’étaient pas bien vus par les autres membres de la communauté juive. Ils étaient vus comme des collaborateurs de l’occupant romain (voir l’histoire de Zachée chez l’évangéliste Luc au chapitre 19). Ce n’était pas le cas de Jésus, qui toujours a fait preuve d’un grand amour pour tous ceux et celle qui naviguaient à la marge de la société juive palestinienne. D’entrée de jeu, il faut noter que le publicain, comparativement au pharisien, fait preuve de beaucoup d’humilité. Sa fragilité, il ne la cache pas dans sa poche arrière. Elle fait pleinement partie de cette personne qui se présente devant Dieu. Devant Dieu, il est nu, ouvert au quatre vents de l’esprit. En se faisant humble, il ouvre la possibilité d’un dialogue, la possibilité qu’un pont se crée. Il expose sa fragilité pour que Dieu vienne la remplir, vienne y habiter

Chez le pharisien, l’espace est déjà habité au delà de toute possibilité d’accueil, il n’y a pas de place pour quoi que ce soit d’autre que lui-même. C’est pour toutes ces raisons que Jésus dit, à la fin de la parabole, que c’est le publicain qui, à la fin de la prière, rentre chez lui « justifié ».

Georges, dans son commentaire, est particulièrement loquace sur cette parabole. Je cite ici un extrait très lumineux:

Seigneur Jésus, aux jours de détresse, je ne sais pas t’accueillir
Mon coeur se ferme parfois à ton amour
Il se raidit, se replie sur lui-même pour mieux mentir.
Je suis pécheur et ne sais pas aimer, viens à mon secours!
Dans ces jours de nuit, manifeste-toi par mes frères et mes soeurs
qui me diront leur amour, leur bonté.
Dans ta patience, j’espère de nouveau m’ouvrir à ton amour.
Ainsi j’apprendrai à dire: «Merci de m’avoir créé.» 
Amen!

Georges Convert

Étienne Godard

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