Une invitation à revenir à l’essentiel
Pourquoi la tradition a-t-elle gardé ce texte dans la liturgie du dimanche? Souvent, les paroles du maître ont été conservées par ce qu’elles étaient considérées comme des enseignements sur le chemin à prendre pour vivre une vie véritable. Nous sommes loin de ces enseignements qui nous invitent à marcher à sa suite. Dépourvu d’esprit ce texte? Relisons-le une seconde fois. Jésus prévient ses disciples qu’il va y avoir des grands bouleversements qui vont entraîner beaucoup de violence, beaucoup de souffrance. Dieu n’est pas dans ces tourbillons de la vie terrestre. Jésus et le Père sont ailleurs. Leur esprit nous invite à les accompagner dans cet ailleurs. Comme Élie sur le mont Horeb, il veille et dans cette veille, il traverse tempêtes et tremblement de terre, et ultimement, c’est dans la brise légère qu’il va communier avec Dieu. Ailleurs d’où on célèbre la puissance de la force pour soumettre et annihiler. Comme Élie venait de le faire précédemment en tuant par le feu des centaines de prophètes de dieu Baal. Dieu, cette brise légère, invite Élie à reconsidérer le choix du chemin qu’il veut emprunter. La voix de la sagesse est dépouillée de la chape de plomb que constitue la vanité propre à la souveraineté de l’autorité qui règne sans partage.
Le vertige des sommets
Cette grandeur qui fait susciter l’envie chez les disciples de Jésus réside dans la magnificence du Temple à Jérusalem. Pourtant leur maître leur dit, au verset six: « Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre: tout sera détruit. » Il les appelle à revenir à l’essentiel, à l’Alliance. C’est-à-dire tout ce qu’il leur a prêché pendant sa vie publique: savoir se faire proche de quiconque est sur notre chemin, être des vecteurs de paix, de compassion et de miséricorde. En fait, tout ce qu’a fait de lui, Jésus, un être qui remet debout dans le courant de la vie.
L’expérience de A.A. pour sortir de l’apocalypse
Le plus beau discours sur la fin du monde je l’ai entendu raconter par mon père dans une rencontre de AA, il y a 38 ans, au sous-sol d’une église sur la rue Côte-des-Neiges, dans l’ouest de Montréal. Je m’étais plaint que je connaissais si peu sur sa vie alors que j’avais 21 ans… Un groupe lui avait demandé de faire un témoignage dans une réunion à Montréal. S’il pouvait maintenant témoigner ainsi, c’est que l’espérance l’en avait sorti. Cette fin du monde parle de la fragilité de notre condition humaine. Qu’est-ce qui tient quand tout s’effondre? Notre persévérance qui nous apprend à lacher prise et à suivre cette petite voix qui nous habite au plus profond des entrailles. L’espérance que la route qu’Il nous propose saura nous amener ailleurs, là où son chemin nous portera. Nous faire accepter la vérité du pardon et de l’amour gratuit.
Georges nous invitait, au Relais, à mettre nos pas dans ceux de Jésus et de témoigner du pardon et de la bonté. C’est ainsi que fonctionnent les groupes AA. J’en connais peu sur la mécanique du mouvement des alcooliques anonymes. Je sais que, périodiquement, dans les différents groupes, on invite des membres à témoigner devant l’assembler pour montrer qu’il est possible de se mettre debout de nouveau, comme l’invite à faire la lettre de Pierre aux premiers chrétiens: « Soyez toujours prêts à rendre compte, à tous ceux qui vous le demandent, de l’espérance qui est en vous » (1 Pierre 3, 15). Il faut être revêtu d’une grande espérance pour être convaincu que l’avenir est toujours ouvert. Cette espérance, — communiquée comment? par qui? — avait fait trouver à mon père, une communauté pour le soutenir. Une communauté avec l’aide de laquelle il avait su retourner à l’essentiel.
C’est cette même espérance que veut communiquer Jésus à ses disciples. Leur force c’est de faire communauté et c’est leur témoignage, dans la tourmente, qui pourra transmettre leur espérance à leurs sœurs, à leurs frères en chemin avec Jésus.
« (Jésus) parle du monde tel qu’il est. Quelle que soit l’époque où résonnent ses paroles, elles se vérifient dans l’actualité du moment. En effet: des pays sont en guerre, des maladies et des épidémies font rage, bien des catastrophes météorologiques et écologiques d’ampleur mondiale. Ainsi l’affirme Jésus: ce qui tient dans le monde quand tout s’effondre, c’est la vérité — ceux qui la vivent et qui la disent. Et surtout nous avons à purifier notre cœur lorsque nous sommes enclins à condamner, dans notre environnement immédiat, telle ou telle catégorie de personnes. Dans le discours des béatitudes, Jésus nous dit: « Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu. » Allez vers l’espérance. Cette fragilité de notre condition humaine nous pousse à chercher une stabilité. Il faut savoir que l’avenir sera toujours ouvert. »
Georges Convert
Laisser un commentaire