Regards croisés

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Nous entendons très souvent l’expression « Sauve-toi toi-même » dans le récit de ce texte d’évangile. Les chefs religieux, les soldats ainsi que l’un des deux brigands l’utilisent. Par l’utilisation de cette expression, tous confessent, avec ironie certes, mais confessent quand même leur croyance tenace en un messie tout puissant. Cette rengaine à quelque chose de très contemporain. C’est ainsi qu’aujourd’hui on dénigre la croyance religieuse. « Devant toute cette souffrance, votre Dieu ne fait rien, reste les bras croisés. À quoi nous sert ce Dieu impuissant? » Nous pourrions nous croire dans un récit du héros solitaire engendrer par les scénaristes hollywoodiens. Cela pourrait aussi être une réplique de l’inspecteur Harry Bosch tiré d’un roman policier de Michael Connelly. « Je n’ai besoin de personne ». Nous l’affirmons tous en chœur un jour ou l’autre!

Affirmer « Je n’ai besoin de personne » n’est pas chrétien.

Sur le chemin de Jésus, on ne se sauve pas soi-même. C’est toujours en relation avec les autres que le salut est possible. Dans ce texte de Luc (23,35-45), Jésus nous en donne l’exemple. Dès le début de sa vie publique, Jésus a reconnu qu’il avait besoin des autres. Le choix des apôtres, même si souvent ils semblent avoir beaucoup de difficultés à marcher sur son chemin, ils résistent, regardent ailleurs, veulent avoir accès au pouvoir que Jésus rejette. Il a besoin de l’eau au puits de la Samaritaine, du témoignage de l’aveugle-né à la piscine de Siloé, des lépreux à la frontière de la Samarie, du légionnaire, de Zachée, chez qui il vient dormir à Jéricho, de vous, de moi… Comme le Tout-Autre à eu besoin du peuple d’Israël pour se révéler.

Sur le Royaume dont nous parle Jésus, il y a une chose dont on peut parler avec certitude, c’est l’altérité qui nous sauvera de nous-mêmes, pour utiliser une expression de Marion Muller-Colard. Ce refus de se sauver lui-même, Jésus l’avait déjà fait après son baptême alors qu’il était conduit au désert par l’esprit (Mt 4) pour y subir la tentation. Par ce choix, il assume pleinement sa nature humaine et révèle le visage du Père dont la seule nature, nous dit-Il, est l’amour. L’expression d’une relation portée au sommet! « Qui m’a vu a vu le Père (Jn 14,9) », a-t-il affirmé. « Le chemin d’humanité qu’ouvre Jésus pour nous sur la croix est celui de l’altérité et de la confiance. La confiance en l’altérité. L’Autre comme salut. » Une invitation que nous fait Madame Collard à construire une relation de confiance avec le Tout Autre. « C’est tout l’évangile qui est ici résumé avec l’épisode du bon Larron » nous disait Georges au Relais.

Toi qui reconnais ton péché, toi, surtout, qui as confiance en l’amour de Dieu, sois sûr que nous serons ensemble au paradis… avant même que le soleil ne soit caché.  Une fois de plus, c’est un exclu qui nous fait la leçon et nous indique le vrai chemin de la vie. Nous ne savons pas grand-chose de ce crucifié, sauf qu’il est un « mal-faiteur », un faiseur de mal. Un « vau-rien », selon l’origine de ce mot: quelqu’un qui ne vaut rien. A-t-il volé, a-t-il tué? Nous n’en savons rien. Ce qui est important c’est qu’il accepte de reconnaître sa faute et surtout qu’il manifeste sa confiance en ce prophète de Dieu crucifié injustement.

Georges Convert

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