Regards croisés

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En lisant plusieurs recensions et interprétations théologique de ce texte de Matthieu, j’ai trouvé très révélatrice, très prenante et sensible cette histoire de Joseph qui jongle entre l’acceptation ou le refut de Marie comme femme après avoir appris qu’elle était enceinte. Le texte ne nous dit pas comment Joseph en est venu à être au courant de la grossesse de sa fiancée. Il l’est bel et bien puisque le texte nous dit qu’il « se décide à la délier en tenant la raison secrète ».

L’arrivée au monde de Jésus va-t-elle se faire par le biais d’une famille reconstituée, pourrait se dire un lecteur contemporain. Le texte ne s’arrête pas à ce premier niveau de lecture. Nous sommes ici dans l’univers biblique qui nous raconte les relations étroites tissées entre le Créateur et l’humain, entre son esprit et l’avenir de cette humanité. Joseph ne va pas être laissé à lui-même sur cette faille qui le fait vaciller. Sa vie bascule. Il dort probablement très mal ces dernières nuits. Après ses fiançailles avec Marie, sa vie, leurs vies avaient pris un sens nouveau, bercer d’espérance. Et le voilà qu’il frappe un mûr.

Nous avons nous aussi, dans des temps différents des uns des autres, frappé un mûr, même frappé des mûr. Quand la trajectoire de nos vies prend subitement une tengeante indésirable, comment réagir? Mettons-nous à l’écoute de Joseph, comme lui même à su se mettre à l’écoute. La mention du rêve, la présence de l’ange, illustre pour moi, contemporain du 21e siècle, le passage du souffle de vie dans l’existence de Joseph. Ce souffle à beau passer dans nos vie, mais si nous ne sommes pas à son écoute, si nous ne donnons pas le temps à cette parole de vie de dessendre dans nos cœurs, le temps pour se laisser questionner, l’espace pour se laisser accompagner, ce souffle de l’esprit risque de se mêler au bruit de fond de nos existence.

Le texte nous dit que Joseph était un homme juste. Georges Convert nous disait au Relais qu’un juste, dans le langage biblique, c’est quelqu’un qui reste ajusté à la Parole qui souffle. Ainsi devait être Joseph, un être ajusté à ce souffle. Celui qui est ajusté se donne le temps et l’espace pour ebien être à l’écoute. Sa vie se doit d’être ouverte à la veille et à l’espérance. C’est d’être capable de s’ouvrir à l’invitation de l’esprit sur notre chemin. Rester sensible à ses signes qui souvent sont portés par des messagers que nous croisons, qu’il nous faut savoir accueillir. Le témoignage de Joseph est ainsi remarquable. Le messager, l’ange, l’esprit, nommons-lu avec le terme qui éveille le plus notre écoute, vient dire futur conjoint de Marie : « Joseph, fils de David, n’aie pas crainte de prendre avec toi Marie ta femme ». Ce « n’aie pas crainte », combien de fois j’aimerais l’entendre dans mes semaines.

Deux citations qui m’ont accompagnés dans ma réflexion sur ce texte de Matthieu. Premièrement, un court texte que j’ai lu sur le site du Carmel Saint-Joseph: « Joseph, homme de la nuit et du silence, donne-nous de laisser nos questions se déployer dans la prière, afin que grandisse en nous la confiance qui nous engage à accueillir et faire grandir les enfants que tu nous donnes, qu’ils soient nôtres ou non. » Je ne voudrais pas garder dans l’ombre non plus la lecture de la réflexion de Noël Quesson sur ce texte de Matthieu (Dans La parole de Dieu pour chaque jour, pp.18 à 23): « Par l’intervention de l’esprit de Dieu, du tout-Autre, il est fait du neuf, germe l’espérence, la vie peut malgré tout germer et prendre racine. Cet accompagnement fait du vivant de toute situation, il faut espérer, il faut veiller, savoir faire confiance. La parole de vie, de vie en abondance est révélée à Joseph dans un songe, par un messager, un ange. Elle demande à Joseph de changer sa décision et de garder ses liens avec Marie. »

Étienne Godard

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