01 Mar

Le message de Jésus : pas seulement un message (un Évangile) pour les croyants mais pour une fraternité universelle

Souvent nous confondons Église et Royaume

* L’Église est le rassemblement de tous les disciples de Iéschoua (nom araméen de Jésus).

Ce rassemblement se fait autour de la Table, repas où la Parole de Iéschoua nous rassemble en Lui avec, comme ‘moyen’ (le symbole produisant ce qu’il signifie), le pain partagé (le repas pris ensemble).

Lorsque Iéschoua dit à ses disciples :
Vous êtes le sel de la Terre, vous êtes lumière du monde (Matthieu 5,13-14),  ne confondons-nous pas  Terre et Monde?

* La Terre pour les Juifs (comme l’Église pour les chrétiens) est le rassemblement de ceux qui reconnaissent la paternité du Père Éternel et acceptent d’être fils et filles de cet Unique Père.

* Le monde est l’humanité toute entière qui est appelée à devenir fraternité universelle, ce que l’Évangile appelle le royaume réuni par l’Amour (dont la source pour les Chrétiens, les Juifs et les Musulmans est Dieu).

Être sel de la terre c’est vivre l’unité de tous les disciples dans cet amour dont celui de Iéschoua est le modèle : C’est à ce signe qu’on vous reconnaîtra pour mes disciples (Jean 13,35).

Cette unité – que les chrétiens se doivent de réaliser – peut être lumière qui guide l’humanité toute entière vers le Royaume.

* Notre modèle est l’attitude de Iéschoua envers les goïms (les autres peuples que le peuple qui reconnaît Dieu et Iéschoua son fils bien-aimé).

Nous la trouvons déjà tracée dans le commentaire fait à la synagogue de Nazareth (Luc 44,16-30) : Dieu a guéri un syrien (un non-juif) et nourrit une femme de Sarepta (une païenne) alors qu’il y avait des lépreux dans le peuple d’Israël (qui se considérait comme l’unique peuple de Dieu).

Nous voyons aussi l’attitude de Iéschoua s’exercer envers l’hémorroïsse (le pain donné aux chiens, nom donné aux païens) et envers le fils du centurion (Luc 8,40ss; 7,1ss)

Elle est commentée par des propos très clairs :
Jamais je n’ai vu une pareille foi en Israël (Luc 7,9).
Les païens vous précéderont à la table du royaume (Luc 13,22-30)

Elle est le testament de Iéschoua :
De tous les goïms (peuples) faites des disciples (Matthieu 28,19)

Les Évangiles nous rapportent deux grands repas rassembleurs :

* le premier est pour les disciples de Iéschoua (5 pains et deux poissons et 12 paniers) (Luc 9,10ss).
C’est le repas du Seigneur (la Cène eucharistique)  qui réunit tous les chrétiens au-delà de leurs diverses sensibilités spirituelles : orthodoxes, protestants, anglicans et catholiques.

Le mouvement vers cet œcuménisme (communion de tous les chrétiens) ne sera pas réalisé par les hiérarchies ecclésiales tant qu’il ne sera pas concrétisé par les communautés, à la base.

À la base, il faut, non pinailler sur les expressions dogmatiques,
mais collaborer de toutes nos forces pour que notre communion soit au service de l’humanité.

Le signe attendu par ceux qui ne partagent pas notre communion en Iéschoua n’est pas seulement notre réunion entre Églises chrétiennes mais il est la part effective que les chrétiens prennent à la lutte contre les grandes formes du malheur collectif des hommes : l’injustice, la faim, la guerre.

* Le second repas est celui qui réunit les humains de la Fraternité universelle (7 pains et paniers : Matthieu 15,32ss).

Nous y partagerons le pain et le sel, rite des trois religions monothéistes.
Mais il faut aller plus loin que l’alliance d’Abraham qui unit les Juifs, les Musulmans et les Chrétiens.

Refaire l’alliance avec Noé qui rassemble l’humanité toute entière.
Ce n’est pas dans nos Églises que ce rassemblement peut se faire, mais dans des lieux où tous les croyants de toutes les religions et tous les humains de bonne volonté se rassemblent pour communier dans le rêve de la réconciliation universelle.
Jean-Paul II en a donné un exemple dans les rassemblements d’Assise pour la paix.
Il faut aller plus loin, faire un pas de plus en élargissant le cercle pour qu’il accueille tous ceux et celles qui militent pour sauver la planète de la destruction organisée par les riches… Il n’y aura pas de paix tant que le monde sera dirigé par ceux qui en possèdent les richesses uniquement pour leurs fins personnelles.

Là aussi c’est le travail de la base qui doit précéder les conciliabules des institutions.
Peut-être que tous nos efforts pour l’œcuménisme chrétien, pour le dialogue entre les religions monothéistes ne porteront pleinement leurs fruits que dans le rassemblement de tous les humains de bonne volonté.