Le sacrement de confirmation
La première chose à savoir est que la confirmation est liée au baptême: celui-ci est l’accueil de Dieu comme notre Père. Et, par ce fait, nous sommes appelés
à vivre en communion avec tous les fils et filles de Dieu qui doivent devenir de véritables frères et soeurs.
La confirmation est le dernier geste du baptême (imposition des mains, onction avec l’huile appelée chrème signifiant que tout chrétien entre dans le grand Corps du Christ).
Les orthodoxes ne séparent pas ces actes d’entrée dans la vie chrétienne: baptême-confirmation-eucharistie.
Les catholiques romains ont fait deux étapes du baptême lorsque sont nées les paroisses rurales : l’une (le baptême) se déroulait dans la communauté paroissiale (présidée par le curé), l’autre (l’onction par le chrème) se vivait dans la communauté diocésaine (réunie autour de l’évêque).
Cela voulait signifier l’unité de tous les baptisés dans une communion avec les baptisés de toute l’Église universelle.
Ensuite, on a fait appel à l’idée que l’Esprit de Dieu serait donné en plénitude lors de la confirmation parce que le baptisé bébé ne pouvait recevoir pleinement l’Esprit de Dieu afin de vivre la communauté et être le témoin de Jésus.
L’Esprit, nous l’accueillons souvent pour des gestes spécifiques que nous avons à poser comme disciples du Christ.
En recevant la confirmation, le baptisé signifie devant la communauté qu’il a accueilli l’Esprit pour être un membre vivant de la communauté et qu’il s’ engage à témoigner de sa communion avec Jésus dans toute sa vie et dans toutes ses relations : au travail, en famille, avec ses amis.
La confirmation célèbre ce que le baptisé vit.
Je me permets de joindre ici des extraits d’une homélie de Mgr Garnier, évêque de Cambrai (France) qui me semble bien exprimer ce qu’est la confirmation.
«La Confirmation, un sacrement qui n’a pas fini d’être un signe.»
L’Église ne réserve pas ce sacrement à ceux qui se croient les plus forts, les meilleurs ; elle l’offre à tous les baptisés qui se savent fragiles dans leur foi : il n’y a que les infirmes qui ont besoin d’être confirmés.
Commençons par le plus clair : pour le plus grand nombre, la confirmation vient après le baptême : elle le confirme.
Cette remarque n’a rien de banal : le sens de la confirmation dépend de celui du baptême. Cela tient au principe de toute initiation, laquelle demande du temps et des étapes : en cela, la confirmation est une prise de conscience plus claire de ce qui a été célébré au baptême. Elle permet d’assumer plus profondément le baptême. D’une certaine manière, on peut dire que la confirmation n’ajoute rien au baptême – dont tout le Nouveau Testament dit bien qu’il donne l’Esprit – mais elle est meilleure réception du don baptismal à cause du plus grand degré de maturité spirituelle de celui qui accède à une sorte de maturité chrétienne.
Mais cela n’est pas suffisant.
Si la confirmation est un sacrement [c’est-à-dire un geste qui rend signifiante une réalité de vie que nous vivons par l’Esprit de Dieu], elle ne peut se réduire à une prise de conscience, aussi importante soit-elle. Elle réalise quelque chose d’original : « Je confirme », oui, mais c’est surtout Dieu qui me confirme en achevant en moi ce qu’Il a commencé. En cela, la confirmation « fait mémoire » au sens fort du baptême : elle l’actualise, sans s’ajouter à lui comme s’il était incomplet, un peu comme l’eucharistie « fait mémoire » du Jeudi-Saint [le Dernier Repas de Jésus signifiant le don de sa vie]
sans s’ajouter à lui comme s’il était incomplet. Au fond, la confirmation exprime la persévérance de Dieu qui trouve sa joie à faire croître celui ou celle qu’Il a fait naître.
Plus profondément, la confirmation met en lumière la dimension ecclésiale de la vie baptismale.
La vie en Église est souvent difficile, nous le savons. [Beaucoup] ont du mal à supporter l’Église et ses « vieillesses ». Etre confirmé, c’est réaliser qu’on ne peut vivre sa foi seul, et qu’il n’y a pas de christianisme sans Église concrète ; être confirmé, c’est n’être plus trop naïf et avoir assez découvert l’Église, y compris dans ses limites, pour l’accepter telle qu’elle est, sainte de la sainteté de Dieu et lourde de nos péchés de baptisés.
Allons encore plus loin : la confirmation n’est-elle pas le sacrement du lien indissoluble qu’il y a entre l’Esprit et l’Église ?
Elle apprend à tenir simultanément et à l’Esprit et à l’Église dans un christianisme qui ne peut être spirituel que s’il est ecclésial et inversement. Etre confirmé, c’est être assez mûr pour réaliser que sans l’Esprit, l’Évangile se réduit en code et l’Église en groupe social banal, mais aussi que sans l’Église, il n’y a pas de lieu où puisse s’exprimer en plénitude l’Esprit. Au fond, si l’Esprit remet en cause l’Église quand elle se fait trop charnelle, l’Église, elle, remet perpétuellement en cause nos prétentions spirituelles.»