01 Mar

Le péché ?

Dieu est l’Amour inconditionnel. Il aime même s’Il n’est pas aimé. C’est cela la grâce.
Plus: il aime parce qu’Il nest pas aimé et qu’Il n’a d’autre désir que de voir chaque être humain rempli d’amour.
L’humain pécheur est toujours pardonné par Dieu.
Pour pardonner il suffit d’être un. Pour se réconcilier il faut être deux.

Si ton frère vient à pécher, va le trouver et fais-lui tes reproches seul à seul.
S’il t’écoute, tu auras gagné ton frère.
S’il ne t’écoute pas, prends encore avec toi une ou deux personnes
pour que toute affaire soit décidée sur la parole de deux ou trois témoins.
S’il refuse de les écouter, dis-le à l’Eglise, et s’il refuse d’écouter même l’Eglise,
qu’il soit pour toi comme le païen et le collecteur d’impôts.
Amen, je vous le déclare: tout ce que vous lierez sur la terre sera lié au ciel,
et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié au ciel.
Je vous le déclare encore, si deux d’entre vous, sur la terre, se mettent d’accord pour demander quoi que ce soit,
cela leur sera accordé par mon Père qui est aux cieux.
Car, là où deux ou trois se trouvent réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux.
Alors Pierre s’approcha et lui dit:
Seigneur, quand mon frère commettra une faute à mon égard, combien de fois lui pardonnerai-je?
Jusqu’à sept fois?
Ieshoua (le nom araméen de Jésus) lui dit:
Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois (Mt 18,15-22).

Deux pôles inséparables:

  • si ton frère a péché contre Dieu
  • si ton frère a péché contre toi.

Il s’agit de fautes graves.

On ne peut aborder le pardon de Dieu si on est en rupture avec ses frères et sœurs.
Le signe de la réconciliation avec Dieu c’est la réconciliation avec ses frères et sœurs.

La mission confié aux disciples est la réconciliation.

Le soir de ce même jour qui était le premier de la semaine,
Ieshoua vint, il se tint au milieu d’eux et il leur dit: La paix soit avec vous.
Comme le Père m’a envoyé, à mon tour je vous envoie.
Ayant ainsi parlé, il insuffle son souffle (souffle=esprit) en eux et leur dit:
Recevez l’Esprit Saint;
ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis.
Ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus (Jn 20,19-23).

Les disciples de Jésus sont responsables du pardon, porteurs, dans le monde, de l’Évangile de la réconciliation.

Tout vient de Dieu  qui nous a réconciliés avec Lui par le Christ
et nous a confiés le ministère de la réconciliation (2 Corinthiens 5,18)

Il n’y a pas de sacrement plus explicitement institué par Ieshoua.
Malheureusement on a réduit

  • le pardon au sacrement de la pénitence et le sacrement de la pénitence à la confession (l’accusation des fautes),
  • la communauté au prêtre.

Dans les passages de l’Évangile où se manifeste le pardon, le pardon précède toujours l’aveu:
Zachée, Pierre, la Samaritaine, Marie-Madeleine, la femme adultère…

Dans la façon antique de célébrer le pardon, l’absolution est la réconciliation avec l’assemblée des disciples
et le signe de la réconciliation avec Dieu.

Puisqu’aimer son prochain et aimer Dieu sont inséparables (le fait d’aimer ne peut se scinder en deux)
le signe (et le fait) de la réconciliation avec Dieu est la réconciliation avec les disciples de Ieshoua.

Le pardon de Dieu est offert en permanence.
Le signe (le fait) qu’on tourne son coeur à l’accueillir,
c’est ouvrir son coeur à ses frères et soeurs.

Le pardon de Dieu est accueilli dans la prière personnelle qui permet de tourner son coeur vers Dieu qui nous aime.
Le pardon des frères et soeurs est accueilli dans la démarche de réconciliation.
Les deux démarches sont signifiées dans la célébration du pardon.

Du livre du Lévitique   (16,30)
De tous vos péchés envers Dieu vous serez purifiés.

Du livre du Siracide (28,2-4)
Pardonne à ton prochain ses torts, alors. à ta prière, tes péchés seront remis.
Si quelqu’un nourrit de la colère contre un autre, comment peut-il demander à Dieu la guérison?
Pour son semblable, il est sans compassion, et il prierait pour ses propres fautes!

Commentaire de Rabbi Éléazar ben Azaria:
«Yom Kippur ne peut procurer le pardon tant que cette personne n’a pas obtenu le pardon de son prochain.»

Le Talmud de Jérusalem:
«Celui a péché envers son prochain devra aller auprès de lui et lui dire: ‘J’ai commis une faute envers toi et je la regrette.’
Si l’offensé se déclare satisfait, c’est bien. Sinon le premier amènera d’autres personnes
et il tâchera en leur présence de contenter le prochain qu’il a lésé.»
La confession des péchés le jour de Kippur devait donc être précédée d’une confession des péchés les uns aux autres.
On récitait les prières intitulées Selihot tout en demandant pardon à ceux qu’on avait offensés.

Les premiers chrétiens ont repris ces prières pénitentielles.

Dans la Lettre de Jacques  (5,13-16)

Confessez-vous donc vos péchés les uns aux autres et priez les uns pour les autres, afin d’être guéris.

Dans le récit évangélique de Matthieu

Notre Père, pardonne-nous nos fautes comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. (6,12)
En effet, si vous pardonnez aux humains leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera à vous aussi;
mais si vous ne pardonnez pas aux humains, votre Père non plus ne vous pardonnera pas vos fautes.(6,14-15)

Voir le péché comme une dette vis à vis de Dieu, conduit à voir le pardon comme une remise de dette
et l’absolution comme un acte qui efface la faute d’une manière subite et donc un peu magique.
Voir le péché comme une faiblesse de notre capacité d’aimer, conduit à voir le pardon comme une guérison
et l’absolution comme un engagement à se réconcilier avec ceux qu’on a mal aimés.