Réflexions sur la prière
Souvent notre première image de la prière est celle de demander quelque chose à Dieu.
Cela va de choses bien matérielles (le succès à un examen, le gain à la loterie, la guérison d’une maladie) à des demandes plus spirituelles : la force de lutter contre notre égoïsme, l’aide pour mieux aimer telle personne.
Cette façon de voir la prière n’est pas forcément mauvaise.
Dans le Notre Père, Jésus nous fait demander de faire la volonté du Père, d’avoir la force de pardonner, de recevoir le pain. Cette dernière demande peut être comprise comme la nourriture du corps ou le pain de la Parole divine qui nourrit notre amour.
Mais prier c’est d’abord et avant tout aimer.
C’est bien sûr d’aimer Dieu et notre prochain.
Mais avant même d’aimer Dieu, c’est de se laisser aimer par Dieu, lui qui est la Source de l’amour. Prier, c’est ouvrir notre cœur à ce Dieu qui est Père.
En ce sens, la prière est surtout faite de silence et d’accueil. C’est permettre au Père d’éternité de nous engendrer comme ses fils et filles. C’est ouvrir notre cœur pour qu’Il le remplisse de son amour. C’est laisser son Esprit venir demeurer en nous et façonner notre esprit. Prier n’est donc pas d’abord parler à Dieu mais accueillir ce que son Esprit veut nous dire. Et Dieu, le plus souvent, ne nous parle pas en paroles mais par des sentiments, des pensées qui naissent en nous et dont nous prendrons conscience au moment de la prière ou plus tard quand l’occasion se présentera.
Pouvons nous demander à Dieu d’intervenir en faveur de nos prochains, du monde ou de l’Église? Trop souvent, dans la liturgie, ce qu’on nomme la prière universelle est faite de ces demandes : nous prions pour que Dieu vienne au secours d’un proche qui est malade, ou des gens qui ont faim. Nous lui demandons que telle guerre cesse ou que des catastrophes naturelles (tsunami par exemple) épargnent telle population.
C’est un peu comme si Dieu avait besoin qu’on lui rappelle ce qu’Il doit faire : sans notre prière, son cœur de Père n’interviendrait pas.
Pour moi, prier pour autrui, c’est d’abord demander à Dieu qu’Il nous donne lumière et force pour que nous fassions ce qui est bien et bon de faire pour aider ceux que nous pouvons et devons aider. Prier pour une personne malade, c’est demander comment nous pouvons la soutenir, lui apporter tendresse et réconfort dans son épreuve. Prier pour ceux qui ont faim, c’est demander comment nous pouvons apporter notre petite contribution à la lutte contre les injustices, comment nous pouvons partager ce que nous avons. C’est lui demander de nous faire voir ce que nous devons faire et lui demander la force pour l’accomplir.
Quel est le rôle des prières que l’on trouve dans les manuels? Celles-ci (les psaumes par exemple) peuvent nous aider à exprimer nos sentiments envers Dieu. Mais elles doivent être dites par amour, avec amour. Le chapelet, par exemple, n’est pas fait pour que nous soyons attentifs à toutes les paroles mais pour aider notre esprit à se recueillir, à être attentif à la présence du Père qui nous aime. Le chapelet est analogue aux mantras ou aux chants de Taizé. C’est un support pour éviter que notre imagination ne vagabonde pas trop et nous divertisse dans notre écoute de Dieu.
L’environnement de la prière.
hacun doit trouver quels sont le lieu et le moment favorables pour prier. C’est Thérèse d’Avila, je crois, qui disait qu’il faut être confortable pour prier. Le lieu et le temps seront différents pour chaque personne. Certains auront besoin d’être en présence d’icônes, de statues. D’autres préfèreront le dépouillement d’une chapelle. D’autres encore prieront plus facilement dans le cadre d’une belle nature. Certains prieront mieux le matin, d’autres le soir. Il me semble qu’il faut se fixer un certain temps où notre esprit ne sera pas impatient de ‘passer à autre chose’, ou nous ne serons pas préoccupés par les activités du jour.
Les distractions sont inévitables. Elles ne doivent pas nous préoccuper tellement que notre prière devienne une sorte de combat incessant pour chasser ces distractions. Il faut tranquillement ramener notre esprit à l’attention à Dieu.
L’Évangile et la prière.
’Évangile me paraît très important pour nous mettre en présence de Jésus et que sa parole vienne nourrir notre esprit. Mais il ne faut pas que la prière s’arrête à une réflexion sur l’Évangile. Il est bon de s’inspirer de ce que l’on nomme la lectio divina, la lecture priante de l’Évangile.